Les débuts de la IIIe République
Introduction :
Le XIXe siècle est un siècle particulièrement tourmenté. En France en 1815, l’Empire de Napoléon disparaît au profit d’un retour à la monarchie.
- Entre 1815 et 1848, trois rois se succèdent : Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe.
- En 1848, c’est la Deuxième République, particulièrement connue pour son instauration du suffrage universel masculin mais aussi pour l’abolition de l’esclavage.
- En 1851, c’est le Second Empire avec à sa tête le neveu de Napoléon, Louis-Napoléon Bonaparte, dit Napoléon III. Malgré son autoritarisme, Napoléon III est toutefois obligé de céder le pouvoir en 1870.
Pour quelles raisons le Second Empire a-t-il disparu ? Quels sont les fondements idéologiques de la IIIe République ? Quels sont les défis qu’elle va devoir rapidement relever ?
Dans une première partie, nous reviendrons sur le contexte de la mise en place de la IIIe République. Notre deuxième partie portera ensuite sur les mesures prises en faveur d’une culture républicaine. Enfin, nous verrons comment cette jeune République, mise à l’épreuve, tente de surmonter les oppositions.
La naissance de la IIIe République
La naissance de la IIIe République
Le contexte de la guerre contre la Prusse
Le contexte de la guerre contre la Prusse
La IIIe République naît dans un contexte de guerre puisque depuis juillet 1870, la France de Napoléon III est en guerre contre la Prusse, dirigée par le redoutable Otto von Bismarck.
Napoléon III
Otto Von Bismarck
- Les Français perdent plusieurs batailles successives et Napoléon III est finalement obligé de capituler le 2 septembre, à Sedan.
Reddition de l'empereur Napoléon III au roi Wilhelm de Prusse à Sedan le 2 septembre 1870
C’est à ce moment-là qu’à Paris des républicains (qui s’opposaient au pouvoir de l’empereur bien avant la guerre contre la Prusse), décident de former un gouvernement de défense nationale qui proclame la République le 4 septembre 1870.
Malgré un sursaut de défense contre les Prussiens, mené par Léon Gambetta, l’armistice est définitivement signé en janvier 1871. Un mois plus tard, une nouvelle Assemblée Nationale est élue. Elle est dirigée par Jules Grévy. Adolphe Thiers devient le premier président de la IIIe République.
La Commune
La Commune
La IIIe République est donc proclamée en pleine guerre et dans la confusion la plus totale. Les Prussiens, qui ont gagné la guerre, entrent dans Paris.
- L’arrivée des Prussiens provoque une violente réaction des Parisiens.
Proclamation du roi de Prusse Guillaume Iercomme empereur d'Allemagne à Versailles, par Anton von Werner, 1885
- C’est le début du mouvement de la Commune et on appellera les parisiens qui y participent les communards.
La Commune :
La Commune n’est pas seulement une réaction contre l’envahisseur prussien. C’est aussi un mouvement avec des revendications sociales très fortes.
À la fin du XIXe siècle, les idées socialistes sont très largement diffusées en France comme en Europe.
Les revendications des parisiens en 1871 portent donc sur les salaires, les conditions de travail et le droit de grève. Bien que républicain, Adolphe Thiers décide de réprimer ce mouvement politique et social. Pire, il demande et obtient l’aide des Prussiens pour mettre un terme à la Commune de Paris ! La répression est violente : en mai 1871, on compte plus de 20 000 morts et des milliers de prisonniers.
- On appelle cette répression la « semaine sanglante ».
Derniers combats au Père-Lachaise, Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, 1871
C’est à la fin du mouvement de la Commune que les traités sont définitivement signés avec la Prusse et que la France perd officiellement l’Alsace et la Lorraine.
Les conservateurs
Les conservateurs
Les revendications sociales des communards ne sont pas les seules à déstabiliser le gouvernement d’Adolphe Thiers. En effet, il existe encore en France, et tout au long du XIXe siècle, de fervents défenseurs de la monarchie.
- Ces derniers se retrouvent dans les rangs des conservateurs.
Leur projet politique est de préparer le retour de la monarchie.
En 1873, ils parviennent à prendre le pouvoir à l’Assemblée. Peu à peu, ils font plier Adolphe Thiers, mais leur projet de restauration échoue suite à un sursaut républicain.
La IIIe République est donc née dans un contexte de guerre contre la Prusse, mais aussi d’instabilités internes, que ce soit avec le mouvement de la Commune ou les oppositions conservatrices. Lorsqu’elle parvient à dépasser ces trois dangers, elle apparaît alors plus forte et peut se lancer dans une refonte républicaine.
Valeurs et symboles, une refonte républicaine
Valeurs et symboles, une refonte républicaine
Les trois lois constitutionnelles de 1875
Les trois lois constitutionnelles de 1875
En 1875 sont votées trois lois constitutionnelles qui définissent légalement la IIIe République :
- le président de la République est élu pour sept ans au suffrage indirect (c’est-à-dire que le peuple ne vote pas directement pour lui) ;
- le pouvoir est entre les mains des parlementaires réunis en une Chambre des députés et un Sénat ;
- la Chambre des députés est dominée par le président du Conseil, véritable chef de la IIIe République.
C’est donc un régime de type parlementaire qui se met en place.
Mise en place et diffusion des symboles républicains
Mise en place et diffusion des symboles républicains
Après les lois constitutionnelles de 1875, la République s’installe.
Le but des républicains est désormais d’unir les Français en les associant à la République. Cela passe d’abord par l’adoption de symboles.
La Marseillaise est choisie comme hymne national et le drapeau bleu blanc rouge est officiellement adopté. En 1880, le 14 juillet, date de la prise de la Bastille, est déclaré fête nationale.
La Rue Saint Denis à Paris, Claude Monet, 1878
Les mesures de la IIIe République ne sont pas uniquement symboliques. Plus concrètement, le pouvoir garantit et renforce les libertés individuelles.
C’est notamment le cas avec les lois de 1881 qui rendent à la presse sa totale liberté d’expression.
Mais l’État a aussi de grands projets concernant l’éducation : c’est la construction d’une culture républicaine.
L’école : symbole de la République
L’école : symbole de la République
Pour construire cette culture républicaine, la priorité est à l’éducation, et c’est Jules Ferry qui, entre 1881 et 1882, bâtit l’école de la République.
Sous son autorité, l’école devient laïque, gratuite et obligatoire.
Laïque veut dire que l’enseignement religieux est exclu de l’enseignement public. Gratuite signifie que tous les français pourront aller à l’école et partager le même enseignement, et l’école est obligatoire, jusqu’à l’âge de 13 ans.
La formation du citoyen est donc prise en charge par la République dès le plus jeune âge. Dans la même logique, l’État décidera de l’obligation du service militaire pour tous en 1905.
- Cette mesure revêt un double intérêt : parachever l’éducation républicaine du citoyen et faire de l’armée une institution ralliée à la République.
Réunir les français et rassembler les citoyens, c’est le défi que se donne la IIIe République. Pourtant, des dissensions existent au sein de la société. Et très vite la République est mise à l’épreuve.
Une république mise à l’épreuve
Une république mise à l’épreuve
Le boulangisme
Le boulangisme
La IIIe République fait face, dès sa naissance, à une double opposition.
L’une vient de la gauche radicale, héritière de la Commune de Paris, l’autre vient de la droite conservatrice et monarchique. Or, à la fin des années 1880, un homme, le général Boulanger, parvient à rassembler ces formes d’oppositions a priori contradictoires. Son mouvement s’appelle le Boulangisme. Sa popularité est telle qu’il manque de peu de renverser la République. Mais cette dernière résiste et sort même renforcée de cet épisode.
L’Affaire Dreyfus
L’Affaire Dreyfus
- La deuxième crise, qui est aussi la plus violente, éclate en 1894. C’est l’Affaire Dreyfus.
Elle tire son nom de ce capitaine de l’armée accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Cette affaire déstabilise profondément la République car elle divise la société en deux camps : les dreyfusards qui défendent l’accusé et les antidreyfusards qui réclament sa condamnation. De plus, Alfred Dreyfus étant juif, le débat révèle l’antisémitisme en France.
Antisémitisme :
L’antisémitisme est la haine des juifs.
Au cours de cette affaire, Émile Zola prend publiquement la défense de Dreyfus. Dans son célèbre pamphlet, nommé J’accuse, il dénonce fermement un coup monté politique organisé par des généraux de l’armée.
J’accuse, pamphlet d’Emile Zola paru à la une du journal l’Aurore, 1898
Loi de séparation des Églises et de l’État
Loi de séparation des Églises et de l’État
L’Affaire Dreyfus révèle qu’à l’aube du XXe siècle les adversaires de la République sont encore nombreux avec parmi eux l’Église catholique, qui s’était dans sa grande majorité positionnée contre Dreyfus. La République règle ses comptes et mène une politique violemment anticléricale.
Cette politique aboutit en 1905 à la loi de séparation des Églises et de l’État.
Elle définit la sphère publique et la sphère privée. Dans la sphère privée, la liberté de culte est totale, mais dans la sphère publique les religions n’ont pas leur place. La France devient donc une République laïque.
République laïque :
République indépendante vis-à-vis de la religion.
Conclusion :
La IIIe République est une période fondatrice de l’histoire de la France. C’est à ce jour la République la plus longue puisqu’elle ne disparaîtra qu’en 1940. Durant cette période, les valeurs républicaines se définissent et se diffusent, notamment grâce à l’école qui forme les futurs citoyens. C’est aussi la mise en place de symboles républicains, toujours en vigueur aujourd’hui. Née dans un contexte difficile, la Troisième République résiste aux oppositions, aux crises et aux épreuves qu’elle traverse. C’est avec un régime fort et stabilisé que la France entre dans le XXe siècle.