Les années de Gaulle (1958-1969)

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Introduction :

Le régime de Vichy, mis en place par Pétain à la suite de la capitulation de la France face à l’Allemagne en 1940, avait mis un terme à la IIIe République. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy disparait à son tour et la IVe République est créée. Malgré l’espoir porté par cette nouvelle république, les crises politiques et sociales se multiplient. Fragilisée tout particulièrement par la guerre d’Algérie, la IVe République disparaitra en 1958, après seulement douze ans d’existence. C’est le général de Gaulle, grand vainqueur de la Libération, qui sera chargé de créer une nouvelle constitution pour la France, avec la Ve République, qui est d’ailleurs toujours la nôtre. De Gaulle restera au pouvoir de 1958 à 1969, il imposera un style nouveau, et marquera l’histoire de la France.

Quelles sont donc les caractéristiques du nouveau système républicain mis en place par de Gaulle entre les années 1958 et 1969 ?

Dans une première partie, nous étudierons l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958 et la crise de la IVe République. Puis, nous analyserons les grandes caractéristiques de cette présidence. Nous terminerons finalement par la présentation de la crise de mai 1968 et les raisons de la démission de de Gaulle.

Les crises de la IVe République

Entre 1947 et 1958, vingt-quatre gouvernements se sont succédés. Si vingt-quatre gouvernements ont été nécessaires pour seulement 11 ans de vie politique, c’est que la IVe République ne fonctionnait pas correctement. La IVe République est née à la fin de la Seconde Guerre et représentait pourtant l’espoir d’une France plus juste et plus prospère.

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À retenir

La IVe République a connu deux problèmes principaux : l’instabilité ministérielle tout d’abord et la crise algérienne ensuite.

L’instabilité ministérielle

La IVe République était de type parlementaire.

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À retenir

Dans le régime parlementaire français, l’Assemblée nationale, (c’est-à-dire les députés), possédait la majorité du pouvoir.

C’est pour cela que les Premiers ministres, qui étaient appelés à l’époque les Présidents du Conseil et qui avaient un pouvoir réduit, sont souvent renversés par l’Assemblée nationale lorsque les députés s’opposent aux projets du gouvernement. Les gouvernements de la IVe République, qui durent parfois un seul jour, sont totalement impuissants face à cet immobilisme.
Sous la IVe République les citoyens ne votaient pas directement pour le président : celui-ci n’était pas élu au suffrage direct, mais indirect, par l’intermédiaire de grands électeurs.

Les trois partis qui dominent la vie politique d’alors sont :

  • la SFIO, ou parti socialiste ;
  • les Radicaux (parti du centre) ;
  • et le MRP, Mouvement républicain populaire.

Deux partis se trouvent dans l’opposition :

  • le parti gaulliste, qui s’était opposé à la constitution de 1946 ;
  • et le parti communiste.

En onze ans d’exercice et malgré les changements fréquents de gouvernement et les crises politiques, l’activité économique de la IVe République est tout de même importante.

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Rappel

À la fin de la Seconde Guerre mondiale débute la guerre froide. Le plan Marshall, une aide économique envoyée par les États-Unis à l’Europe pour qu’elle se reconstruise, va porter ses fruits puisque c’est le début des « Trente Glorieuses », période économique de la France très prospère, qui s’intègre également dans un mouvement de construction européenne.

La crise algérienne

Les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre sont très intenses : reconstruction du monde avec l’ONU, construction européenne, nouvelle constitution en France, rebond économique. Mais ces années sont avant tout marquées par la décolonisation. En 1954 débute le « problème algérien ». Les présidents de la IVe République s’enfoncent dans une crise telle que le régime chute.

  • Le 13 mai 1958, c’est le jour de l’insurrection d’Alger.

Cette insurrection est en fait une sorte de coup d’État contre le nouveau président français. La rumeur courait que celui-ci souhaitait donner à l’Algérie son indépendance. Un groupe de militaires français va alors faire appel à de Gaulle, en espérant que celui-ci conservera l’Algérie française.

  • Suite aux soulèvements des Français d’Algérie, René Coty, alors président de la République, nomme Charles de Gaulle président du conseil : c’est la fin de la IVe République.

Les caractéristiques de la Ve République

Un président fort

Selon de Gaulle, le problème principal de la IVe République était de posséder un exécutif trop faible, c’est-à-dire un président sans pouvoir réel. Il va alors promulguer une nouvelle constitution dès le mois d’octobre 1958.

  • Officiellement investi en janvier 1959, de Gaulle met en place un pouvoir fort et personnalisé.

Le régime parlementaire (c’est-à-dire dans lequel les députés ont un large pouvoir), cède la place à un régime présidentiel. Le président a désormais le pouvoir de choisir le Premier ministre, de promulguer des lois, il est le chef des armées, et il possède en plus le droit de « dissoudre » l’Assemblée nationale, c’est-à-dire de provoquer de nouvelles élections législatives (qui élisent les députés).

Par ailleurs, il privilégie les contacts directs et apparaît à de nombreuses reprises à la télévision et à la radio.

Il met aussi en place la logique du référendum, c’est-à-dire qu’il décide de consulter directement les Français sur les sujets importants. Ils doivent y répondre par oui ou par non.
En 1962, De Gaulle propose l’élection du président de la République au suffrage direct (les citoyens votent directement pour leur président).

  • Le oui l’emporte à 60 %.

La puissance de la France

En parallèle à la mise en place de cet exécutif fort, de Gaulle tente de rétablir la puissance de la France. Pour cela, il va s’éloigner des États-Unis et va affirmer l’indépendance de la France au niveau politique et au niveau militaire. Concrètement, de Gaulle va permettre à la France d’acquérir l’arme nucléaire, dès 1960.

En 1966, il quitte l’OTAN, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, alliance militaire des pays occidentaux et des États-Unis, qui avait été créée au début de la guerre froide. De Gaulle cherche à retrouver un « principe de souveraineté nationale », c’est-à-dire un système dans lequel la France n’est plus obligée de soutenir les décisions des États-Unis.
Dans les années 1960, la guerre du Vietnam débute entre les États-Unis et les communistes vietnamiens. À cette occasion, de Gaulle critique ouvertement les États-Unis, alors même que la logique des blocs le poussait à les soutenir.

Un pouvoir contesté

Malgré le charisme du président, une certaine usure se fait sentir dès 1965. En effet, de Gaulle n’est réélu qu’au second tour des élections présidentielles, face à un jeune homme politique, François Mitterrand. Ce que l’on reproche à de Gaulle, c’est justement d’avoir mis en place un exécutif fort, presque trop fort, à tel point que certains y voient une possible dérive monarchique (cela veut dire qu’on craignait que le président prenne trop de pouvoir).

  • Mais ce qui fait plonger de Gaulle, c’est surtout la crise des étudiants de mai 1968.

En mai 1968, les universités françaises se mettent en grève. Elles sont suivies par les travailleurs et vont provoquer une crise d’une ampleur sans précédent. Le 13 mai, la grève générale est déclarée sur tout le territoire français : elle paralyse complètement le pays pendant des semaines. Les usines et les universités sont occupées, ce qui entraîne des affrontements avec les forces de l’ordre.

Ces débordements provoquent une crise politique sans précédent. De Gaulle dissout alors l’Assemblée nationale (c’est-à-dire qu’il provoque de nouvelles élections législatives), ce qui lui réussit car son parti gagne finalement les élections, malgré les contestations. Ceci s’explique par le fait que la population s’inquiétait de l’ampleur et des débordements liés aux grèves.

En 1969, de Gaulle propose un référendum aux Français, sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Il souhaite en effet décentraliser certains lieux de décision et réformer le Sénat. Il annonce que si le non l’emporte, il démissionnera.

  • De Gaulle démissionne en avril 1969.

Conclusion :

De Gaulle meurt en 1970, laissant « la France veuve », selon les mots de son successeur Georges Pompidou.

Arrivé en homme providentiel en 1958, il parvient à établir une république solide, fondée sur un exécutif fort et une personnalité charismatique. Malgré son départ en 1969, les institutions de la Ve République lui survivent et s’inscrivent dans la durée. En effet, la République fondée par de Gaulle, malgré les nombreuses crises qu’elle a traversées et les nombreuses évolutions qu’elle a subies, est toujours la nôtre.