Violence et société
Les origines de la violence
Les origines de la violence
- Le conflit de la Première Guerre mondiale a posé la question de la nature humaine : est-elle foncièrement mauvaise ou peut-elle être bonne ?
- Sigmund Freud fournit une explication du phénomène de violence en période de guerre : la violence humaine est naturelle et tient dans la pulsion de mort. La pulsion de mort nous constitue biologiquement et nous détermine psychiquement et comportementale.
- L’optique de Freud sur la nature humaine change après la Première Guerre mondiale : selon lui, l’être humain a un appareil psychique composé de trois instances : le « ça », le « moi » et le « surmoi ».
- Le « ça » est un pôle pulsionnel de la personnalité et, pour Freud, il existe deux catégories de la pulsion :
- la pulsion de vie, une pulsion sexuelle, pacifique et destinée à donner la vie ;
- et la pulsion de mort, une pulsion qui tend vers la destruction de l’autre et de soi-même.
- Les morales établies sur le « moi » et le « surmoi » sont des réponses aux questionnements de la nature humaine.
- Selon Freud, la morale existe afin de sublimer la pulsion, la contrôler ou encore de la censurer.
Existe-t-il une bonne agressivité ?
Existe-t-il une bonne agressivité ?
- Darwin parle d’instinct de vie, d’autoconservation et de lutte pour la vie. Il pose la question : la violence naturelle n’est-elle pas vitale ?
- Konrad Lorenz a travaillé sur l’agressivité animale au XXe siècle et a établi une comparaison entre l’agressivité humaine primaire et animale dans son ouvrage L’Agression, une histoire naturelle du mal (1963) qui s’analyse autour de la notion d’inhibition de la pulsion agressive.
- Selon Lorenz, s’il existe des inhibitions à la violence pour des raisons qui sont liées à la survie de l’espèce ou du groupe, c’est que la violence a tout de même sa raison d’être biologique.
- L’être humain comble ses faiblesses naturelles dans l’invention technique qui s’accompagne alors d’un sens moral des responsabilités. Il éprouve une répugnance à tuer autrui de ses propres mains. Pourtant, le problème persiste avec l’invention des meurtres à distance.
- L’homme ne semble donc pas mauvais en soi, il manque surtout de recul et de morale à l’égard des armes et des outils, ce qui le rend destructeur et socialement inadapté.
- Hannah Arendt, politologue et philosophe du XXe siècle développe ainsi le concept de « banalité du mal ».
Les formes rituelles et sublimées de la violence
Les formes rituelles et sublimées de la violence
- L’homme accepte parfois de surmonter la violence qu’il fait subir à autrui puisqu’il a su donner à cette dernière des formes « acceptables » et des raisons d’être collectives.
- René Girard voit dans certaines pratiques l’expression d’une sublimation de la violence humaine. Il élabore une théorie mimétique du désir selon laquelle tout désir humain n’est pas un désir propre mais une tendance imitée de ce que l’on voit du désir de l’autre.
- Le désir est un élément majeur des rapports de rivalité, de jalousie et de domination que nous entretenons mutuellement dans la société et à l’occasion de cérémonies religieuses.
- Dans La Violence et le Sacré, René Girard donne l’exemple du bouc-émissaire.
- Le désir mimétique conduit à l’apparition de conflits et d’actes de violences répétitifs structurant les groupes. La violence collective se manifeste et se focalise sur une victime solitaire ou un groupe spécifique de victimes nommé « bouc émissaire » sur laquelle tous se déchaînent.
- Cette focalisation permet d’éviter une violence généralisée.
- La religion et le rite sacrificiel sont donc envisagés comme moyens de régulation de la violence sociale et des principes de cohésion sociale.
- Selon René Girard, le fait culturel religieux serait une sublimation de la violence naturelle : il explique la synthèse entre la violence humaine comme tendance naturelle de l’homme (celle du désir) et ses formes culturelles (comme les rites religieux).
- Une violence sous couvert de morale socio-religieuse peut devenir une violence légitime. Le sacrifice et la mort de l’individu peuvent sauver la vie du groupe dans une confusion de vengeance et de justice.