Le bonheur

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Problématiques

  • Le bonheur est-il une fin en soi ?
  • Est-ce que cet état de béatitude absolue existe réellement ?
  • Si oui, comment faire pour l'atteindre à coup sûr ?

Définitions à connaître : bonheur, plaisir, hédonisme, désir, subjectivité, capitalisme.

  • Platon et le bonheur : la satisfaction des désirs est une quête sans fin

Les hédonistes recherchaient le bonheur dans la multiplication et la réalisation de leurs désirs. Dans le Gorgias de Platon, Calliclès s’entretient avec Socrate à ce sujet : ce premier a une vision hédoniste du bonheur « vivre dans la jouissance, éprouver toutes les formes de désirs et les assouvir. Voilà, c’est cela la vie heureuse ! » Socrate y répond par une métaphore :

« Suppose qu’il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux. Les tonneaux de l’un sont sains et remplis de vin, de miel, de lait […] de toutes sortes de choses. Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu’on n’obtient qu’au terme de maints travaux pénibles. Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n’a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s’occuper d’eux ; au contraire, quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille. L’autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir. Mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il est forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s’infligeant les plus pénibles peines. Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu’elle est la plus heureuse ? »

Platon, Gorgias

  • La thèse de Socrate, et donc la thèse platonicienne, sur le bonheur est la suivante : une vie passée à courir après ce dernier est épuisante, pour vivre heureux, il faut maîtriser la force de notre désir. Le bonheur n’est pas dans le plaisir à répétition mais dans la quête de plaisirs durables.
  • Démocrite et le bonheur comme absence de peine

Pour Démocrite, le bonheur se définit de façon négative : il est l’absence de peine. Les penseurs de la Grèce antique appelaient cela l’ataraxie (du grec ἀταραξία, signifiant « absence de troubles »). Pour être heureux il faut donc éviter tout ce qui nous fait du mal.

  • Épicure et le déplaisir

Épicure, l’un des principaux représentants de l’hédonisme, considère qu’il faut chercher le plaisir mais aussi éviter le déplaisir. Par exemple, dévorer des plaquettes de chocolat nous procurera – sur le moment – un plaisir certain, mais provoquera très certainement des maux de ventre et donc du déplaisir.

  • L’hédonisme ne peut être relégué à une vision trop simpliste de la recherche du plaisir à tout prix.
  • Le stoïcisme et le bonheur

Le stoïcisme est un courant philosophique fondé par Zénon de Citium qui fonda l’école du Portique en Grèce antique, selon lequel le bonheur s’obtient au travers d’une conception particulière du désir :

  • premièrement, il ne faut pas désirer ce que l’on a car, à tout moment, on peut le perdre ;
  • deuxièmement, il ne faut pas désirer non plus ce que l’on n’a pas, parce que rien n’indique qu’on l’obtiendra un jour et même si c’est le cas on pourra le perdre à tout moment ;
  • troisièmement, à vivre dans la perspective d’un avenir meilleur on en oublie le présent : il faut plutôt désirer ce que l’on fait.
  • Kant : « le bonheur est un idéal de l’imagination »

« Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. […] Le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d’un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble […] parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination. »

  • Puisqu’il est un idéal impossible à atteindre, le bonheur n’existe pas réellement. Ce n’est ni un état, ni un but : c’est une idée.
  • Schopenhauer : le bonheur est une perspective qui n’arrive jamais

Pour Schopenhauer la vision que nous avons du bonheur est illusoire car selon lui, le bonheur n’existe pas. Pour lui l’être humain alterne sans cesse entre désir et ennui : par ailleurs il conçoit le désir comme une souffrance qu’on ne maîtrise pas et qui reste jusqu’à ce qu'on l’assouvisse. Une fois cela fait, tout ce que l’on ressent c’est une libération : l’absence de peine.

  • Selon Schopenhauer le plaisir n’est rien et le désir n’existe que pour pallier l’ennui (qui est une souffrance car il nous confronte à notre peur de la mort). La souffrance est donc le propre de la vie humaine et elle ne prendra fin qu’avec la mort.
  • John Stuart Mill : une vision du bonheur partagé

Il faut différencier le bonheur comme état personnel et subjectif, du bonheur pris au sens politique de « bonheur collectif ». Ainsi l’utilitarisme est une notion d’utilité consistant à agir pour maximiser ce bonheur, ce bien-être collectif, en une maximisation de l’utilité pris au sens de bonheur pour tous dans la société.

  • L’utilitarisme hédoniste consiste par exemple à maximiser le plaisir pour tous.

L’un des principaux représentants de ce courant de pensée fut John Stuart Mill, philosophe anglais du XIXe siècle.

  • Baudrillard et la société de consommation

Dans son ouvrage La Société de consommation écrit en 1970, Baudrillard montre que le « bonheur est monté de toutes pièces » par un capitalisme dont l’ambition est l’enrichissement de certains patrons et industriels. Tout est fait pour préserver le lien entre bonheur et les possessions matérielles.

Les personnes ne prenant ainsi plus de plaisir lors de réjouissances exceptionnelles ont peut-être conscience d’être aliénées à des désirs imposés par d’autres, par la société de consommation.

  • Il ne faut pour autant pas renoncer à désirer mais seulement se méfier de l’influence qu’a le monde extérieur sur ce que nous désirons.
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À retenir

  • De nos jours, nous peinons à atteindre le bonheur et cela occasionne des frustrations. Souvent, nous identifions le bonheur au plaisir. Or, plus que jamais, les plaisirs sont faussés par notre modèle de société, tourné vers la consommation. Pour la plupart d’entre nous, chercher son bonheur là-dedans revient à faire fausse route.
  • Dès l’Antiquité, les philosophes ont mis en évidence qu’accumuler les plaisirs éphémères ne suffit pas à rendre heureux. Or, la société de consommation n'offre rien de plus que des objets rapidement démodés, usés et jetés. Mieux vaut trouver notre bonheur dans des plaisirs durables. Mais là encore, la déception peut survenir car ces choses censées faire notre bonheur ne conviendront pas à tous.
  • En réalité, le bonheur n’existe pas. Il n’est rien de plus qu’une construction de l’esprit humain. Kant l’a très bien dit « le bonheur est un idéal de l’imagination ». C'est à la fois frustrant et réconfortant. En effet, si trouver le bonheur est impossible, inventer notre idéal particulier et tout faire pour l’atteindre est en revanche tout à fait possible.