Prévenir les risques industriels et technologiques
Introduction :
Depuis les années 1950, les risques industriels et technologiques se sont démultipliés et font de nombreuses victimes tous les ans. Ces risques, qui peuvent mener à des catastrophes environnementales ou humaines, touchent tous les pays.
Pourtant, toutes les sociétés n’ont pas la même gestion du risque. Les pays développés peuvent prévoir les risques industriels et technologiques et s’y préparer, tandis que les pays pauvres ont des moyens insuffisants pour prévoir les catastrophes et réagir.
Dans ce cours, nous allons nous interroger sur la prévention des risques industriels et technologiques dans le monde.
Dans une première partie, nous verrons qu’il existe de plus en plus de risques industriels et technologiques. Puis, nous aborderons les inégalités d’exposition à ces risques. Enfin, nous nous intéresserons à leur prévention.
De plus en plus de risques technologiques
De plus en plus de risques technologiques
Qu’est-ce qu’un risque ?
Qu’est-ce qu’un risque ?
On parle de risque quand une population, qui constitue un enjeu, est exposée à un aléa.
Risque :
Un risque est la combinaison d’un aléa et d’un enjeu.
Aléa :
C’est un phénomène naturel, industriel ou technologique, potentiellement dangereux et imprévisible.
Enjeu :
Ensemble des personnes, des équipements, des biens et l’environnement qui sont menacés par un aléa.
- Autrement dit, un aléa ne devient un risque que s’il y a un enjeu.
Risque technologique :
C’est la combinaison d’un aléa lié à une activité humaine (activité industrielle, nucléaire, chimique, rupture de barrage, etc.) et d’un enjeu.
La multiplication des risques technologiques
La multiplication des risques technologiques
On parle de risque technologique lorsque l’aléa concerné est lié à une activité humaine.
Ces risques technologiques peuvent être de différentes natures :
- les risques industriels sont liés à la proximité d’une industrie, notamment chimique ;
- les risques nucléaires sont liés à la présence de centrales nucléaires ou de centres d’enfouissement de déchets nucléaires ;
- les risques miniers sont liés à la proximité de mines où il peut y avoir des gaz ou des matériaux dangereux ;
Les risques peuvent aussi être liés au transport de matières dangereuses ou encore aux ruptures de barrages ou de conduites de gaz.
Prenons l’exemple d’une activité nucléaire.
Risque technologique
- L’aléa est la centrale. Elle peut connaître un disfonctionnement qui entrainerait un accident nucléaire.
- L’enjeu est la proximité des habitations et donc des personnes qui vivent autour de la centrale.
- Le risque est l’exposition de ces personnes à un accident nucléaire.
Au cours du XXe siècle, ces risques technologiques se sont multipliés en raison de l’industrialisation, de l’urbanisation et de l’accroissement des échanges.
Ces risques peuvent se transformer en catastrophes lorsqu’ils entraînent des pertes humaines et qu’ils provoquent des destructions matérielles, parfois accompagnées de pollutions.
Catastrophe :
Réalisation d’un risque entraînant des dégâts matériels et/ou humains.
La catastrophe de Fukushima est l’une des pires catastrophes technologiques des dix dernières années.
- Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 a lieu au large des côtes japonaises.
- Ce tremblement de terre entraîne un puissant tsunami.
- Une vague de 15 mètres de hauteur frappe alors la centrale nucléaire de Fukushima Daichii, située sur la côte pacifique du Japon.
- Le lendemain, plusieurs erreurs humaines provoquent une série d’explosions et d’incendies, qui entraînent des rejets massifs d’atomes radioactifs dans l’atmosphère. Plus de 160 000 japonais doivent alors quitter leur habitation.
Tsunami :
Vague géante provoquée par un tremblement de terre sous-marin.
Deux experts examinent l’usine nucléaire endommagée de Fukushima ©IAEA Imagebank
Outre les accidents nucléaires, les catastrophes technologiques peuvent s’exprimer sous la forme d’explosions chimiques ou de marées noires… Ces catastrophes touchent de plus en plus de personnes depuis les années 1960.
Des risques qui font de plus en plus de victimes
Des risques qui font de plus en plus de victimes
- Par exemple, en août 1975, lors du passage du typhon Nina, 62 barrages ont été détruits dans la province du Henan (Chine). Plus de 26 000 personnes sont mortes à cause de l’inondation, et 145 000 autres personnes ont été victimes d’épidémies et de famine provoquées par la rupture des barrages. En tout, ce sont 11 millions de chinois qui ont été touchés ou concernés par cette catastrophe.
- On peut également évoquer l’incendie géant provoqué par la rupture d’un oléoduc, à Cubatão (Brésil), le 24 février 1984. Il est à l’origine de la mort de 508 personnes.
- Enfin, on peut rappeler le plus grand accident nucléaire de l’Histoire : celui de Tchernobyl en 1986, en Ukraine, qui provoqua la mort de 4 000 personnes et obligea plus de 350 000 habitants à se déplacer.
Depuis 2001, les catastrophes technologiques ont touché plus d’un million de personnes.
Une inégale exposition des sociétés aux risques
Une inégale exposition des sociétés aux risques
Des risques plus nombreux dans les pays du Nord
Des risques plus nombreux dans les pays du Nord
Tous les pays sont concernés par les risques industriels et technologiques. Cependant, ces risques sont plus nombreux dans les pays du Nord car ils disposent de plus d’installations industrielles et réalisent davantage d’échanges commerciaux. Mais leur capacité de résilience est forte.
La résilience est la capacité à revenir à un fonctionnement normal après avoir subi une catastrophe.
Les sociétés développées ont en effet les capacités techniques et les moyens financiers de revenir à un fonctionnement normal après avoir subi une catastrophe.
Moins de risques dans les pays du Sud, mais des populations plus exposées
Moins de risques dans les pays du Sud, mais des populations plus exposées
Dans les pays du Sud, les facteurs de risques technologiques et industriels sont moins nombreux car le développement est moindre, mais les défaillances comme la vétusté des usines ou le manque de contrôle y débouchent plus souvent sur des catastrophes.
Il y a beaucoup plus de catastrophes technologiques et industrielles dans les pays du Sud (Afrique, Asie) que dans les pays du Nord (Europe, Amérique du Nord).
- L’explosion d’une usine chimique à Bhopal, en Inde, en décembre 1984, est l’une de ces catastrophes. La fuite de 40 tonnes de gaz toxiques a fait plus de 8 000 morts dans les trois premiers jours et plus de 20 000 morts durant les 20 années suivantes.
Le site de l’usine de Bhopal, en 2008 ©Luca Frediani
Des tonnes de déchets toxiques ont été laissées à l’abandon et à l’air libre, près des bidonvilles.
Aujourd’hui, les terrains sont toujours contaminés. Et dans les nappes d’eau souterraines, la concentration en mercure (un métal toxique) est 6 millions de fois plus élevée que la normale.
Une vulnérabilité inégale des populations face aux risques
Une vulnérabilité inégale des populations face aux risques
La vulnérabilité des populations est inégale. Elle varie selon leur niveau de développement. La vulnérabilité est plus faible dans les pays développés que dans les pays en développement car les populations des pays développés sont mieux informées et mieux préparées aux risques.
De plus, leur sécurité est davantage assurée grâce à des moyens techniques plus sophistiqués. Dans les pays en développement, la pauvreté augmente la vulnérabilité des populations.
Les conséquences des catastrophes sont en outre aggravées par le manque d’infrastructures (hôpitaux, routes, etc.).
La prévention des risques
La prévention des risques
Prévention :
La prévention est un ensemble de mesures prises pour empêcher ou limiter les effets destructeurs d’un risque.
L’information et l’éducation
L’information et l’éducation
La prévention consiste à informer les populations sur les différents types de risques et sur les attitudes à suivre en cas d’accident.
Elle passe aussi, à l’échelle locale, par l’éducation des populations, pour que celles-ci prennent pleinement conscience des risques encourus sur leur territoire.
La prévention implique la diffusion d’informations, notamment à travers des brochures et des affiches, ainsi que des exercices d’évacuation (dans les écoles, les entreprises ou encore les hôpitaux).
Les plans de prévention
Les plans de prévention
Dans les pays développés, les procédures d’alerte, les plans de prévention et les dispositifs de secours sont élaborés et mis en place pour limiter au maximum les conséquences humaines des catastrophes sur les populations.
En France, par exemple, les plans de prévention des risques technologiques (appelés PPRT) viennent compléter les plans de prévention des risques naturels. Ces plans réglementent les constructions dans les zones à risques et impliquent de nombreux acteurs : l’État, les services de secours, les hôpitaux et les médias.
Prévenir les risques industriels et technologiques, c’est aussi identifier les sites dangereux.
- C’est pourquoi en Europe, 10 000 sites industriels ont été identifiés comme « dangereux » par la directive Seveso.
Directive Seveso :
Il s’agit d’une directive européenne qui impose aux États membres d’identifier les sites industriels dangereux installés sur leur territoire et de les classer en fonction de leur dangerosité.
Cette directive impose un périmètre de sécurité autour des installations industrielles dangereuses. De plus, les sites classés Seveso doivent faire l’objet d’une stricte surveillance de la part des autorités publiques.
En France, il existe 1 171 sites classés Seveso. Les régions qui en comptent le plus sont la région Auvergne-Rhône-Alpes avec 159 sites, la région Nouvelle-Aquitaine avec 156 sites et la région Hauts-de-France qui en comprend 136.
Des politiques de prévention très limitées dans les pays en développement
Des politiques de prévention très limitées dans les pays en développement
Dans les pays en développement, les politiques de prévention sont limitées en raison du manque de moyens financiers mais aussi de l’analphabétisme.
Les populations sont mal ou pas informées, et elles se retrouvent donc démunies face aux catastrophes. Elles dépendent alors de l’aide internationale : celle des autres pays à travers l’ONU, mais aussi et surtout celle des ONG.
Conclusion :
Les risques industriels et technologiques sont liés aux activités humaines. Ces risques connaissent une forte croissance depuis les années 1960 en raison de l’industrialisation des sociétés, du processus généralisé d’urbanisation et de la mondialisation. Les mesures de prévention permettent de réduire la vulnérabilité des populations face aux risques.
Dans les pays développés, le risque est intégré dans les politiques d’aménagement des territoires. Mais dans les pays pauvres et dans les pays émergents, le manque de moyens financiers empêche une réelle prise en compte des risques. Les catastrophes, par les dégâts et les coûts qu’elles engendrent, sont de véritables freins à leur développement.