Cours : Les nouvelles causes fédératrices

Le devenir de l’Homme au cœur des principales causes fédératrices

Dans un premier temps, nous allons essayer de comprendre quelles sont les principales causes fédératrices qui mobilisent l’opinion publique.

Le dérèglement climatique, un enjeu majeur qui menace l’équilibre de nos sociétés

La tendance des sociétés industrialisées à produire toujours davantage pour satisfaire leurs propres besoins de consommation est à l’origine d’une concentration de plus en plus importante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cela entraîne un phénomène de dérèglement climatique désormais observable à l’échelle de la planète dont nous commençons à percevoir les premières conséquences.

Définition

Dérèglement climatique :

L’idée de dérèglement climatique reflète l'ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné, au cours du temps.

Le dérèglement climatique s’illustre notamment par un réchauffement quasi généralisé des températures de quelques degrés à la surface de la Terre. De ceci découle la multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes et potentiellement dangereux (cyclones, sécheresses, inondations).
On peut également observer une fonte des glaces aux niveaux des pôles qui entraîne une hausse du niveau de la mer. Ce phénomène menace aujourd’hui la vie quotidienne de millions de personnes habitant sur les littoraux.
Ce dérèglement climatique a par ailleurs un impact direct sur la biodiversité à l’échelle mondiale. Ainsi, selon un récent rapport de l’ONU publié en mai 2019, un million d’espèces animales et végétales sont directement menacées de disparition dans les prochaines décennies

Définition

Biodiversité :

Diversité des espèces animales et végétales dans un milieu donné.

Lutter contre les conséquences potentiellement dramatiques du dérèglement climatique implique la prise de décisions politiques, mais aussi l’engagement des citoyens afin de favoriser un développement durable des prochaines générations.

Les enjeux moraux liés aux progrès de la médecine mobilisent l’opinion publique

Les progrès réalisés par la médecine depuis plus d’un siècle sont phénoménaux. Ils ont notamment permis l’allongement de l’espérance de vie en France qui est de $82$ ans en moyenne, hommes et femmes confondus. À titre de comparaison, en 1950 elle n’était encore que de $66$ ans.

Exemple

Autre exemple de ces progrès : grâce à la procréation médicalement assistée ainsi qu’aux dernières recherches génétiques, des couples (jusqu’alors stériles) peuvent aujourd’hui avoir des enfants et fonder une famille.

• Le financement massif de la recherche scientifique par l’État mais aussi par les laboratoires pharmaceutiques expliquent en grande partie ces évolutions.

Toutefois, ces avancées scientifiques majeures peuvent faire émerger de nouveaux enjeux bioéthiques.

Définition

Bioéthique :

Étude des problèmes moraux que soulèvent la recherche et les techniques biologiques ou génétiques.

• Éthiquement, un enfant peut-il naître d’un père biologique décédé depuis plusieurs années pour lequel des spermatozoïdes auront été congelés au préalable ?
• Une personne peut-elle refuser des traitements médicaux et choisir le moment de sa mort ?
• Ces questions font débat et sont souvent très médiatisées. Elles partagent et mobilisent la communauté scientifique tout comme l’opinion publique.

Attention

De manière générale, aucune cause « fédératrice » ne fait l’unanimité.

À retenir

Les causes les plus fédératrices sont en lien avec la place et le devenir de l’Homme sur la planète.

L’engagement citoyen au service des nouvelles causes fédératrices

Nous allons à présent, à partir d’exemples concrets, étudier différentes formes d’engagement des citoyens en faveur des nouvelles causes fédératrices.

Un engagement à l’échelle locale

L’engagement des citoyens se manifeste avant tout par des gestes simples de la vie quotidienne.

Ainsi, à propos de la lutte contre le dérèglement climatique, de plus en plus de familles, encouragées en cela par les collectivités territoriales, pratiquent le tri sélectif des déchets ou cherchent à privilégier les circuits courts dans le cadre de leurs achats quotidiens.

Rappel

Les circuits courts sont un mode de production qui implique au maximum un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Cela revient pour le consommateur à faire le choix de produits locaux et de saison.

Un engagement qui s’appuie sur les réseaux sociaux pour se développer

Pour fédérer et rassembler le plus grand nombre de personnes autour de leurs causes, certaines associations ou leaders d’opinion utilisent massivement les nouveaux moyens de communication : notamment les réseaux sociaux mis à leur disposition.

Prenons ainsi l’exemple de Greta Thunberg.

Rappel

Greta Thunberg est une jeune lycéenne suédoise de $15$ ans qui, en 2018, a entamé une grève scolaire tous les vendredis, pour attirer l’attention des médias mais aussi de l’opinion publique autour des enjeux liés à la question climatique.

Son message a très vite été relayé par les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram ou Youtube : elle a ainsi incité de nombreux jeunes, dans de nombreux pays, à rejoindre sa cause.
En décembre 2018, Greta Thunberg est intervenue devant les représentants des pays présents en Pologne pour la COP 24.

En prononçant ces quelques mots adressés aux représentants de 196 pays, Greta Thunberg a ému des dizaines de millions de personnes, des jeunes notamment, qui s’inquiètent comme elle de l’avenir de la planète.

Depuis lors, Greta Thunberg est retournée au lycée mais continue à faire grève tous les vendredis. Des millions de jeunes se sont joints à elle dans des pays tels que la France, la Suisse, l’Espagne, l’Australie ou la Nouvelle Zélande.

À retenir

Un appel mondial à la grève, lancé le 15 mars 2019, a permis de réunir de très nombreux lycéens autour d’une cause commune, la lutte contre le dérèglement climatique.

L’engagement des institutions nationales et internationales en faveur de grandes causes fédératrices

Les enjeux liés au dérèglement climatique ainsi qu’aux questions de bioéthique impliquent un engagement ferme et résolu des institutions nationales et internationales.

La COP 21, un tournant dans la lutte contre le dérèglement climatique ?

En 1992, le Sommet de la Terre est organisé à Rio. Il réunit des représentants de la plupart des pays de la planète pour aborder la question du développement durable des sociétés. L’objectif est de questionner l’impact, souvent destructeur, de l’Homme sur l’environnement.

Depuis 1995, des COP (Conferences of the parties) sont organisées chaque année dans un pays différent. En 1997, la COP 3 organisée à Kyoto au Japon aboutit à un accord qui engage les pays signataires sur la nécessité de réduire les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les conférences qui ont suivi ont toutefois souligné les difficultés des pays à coordonner leurs efforts et à respecter leurs promesses.

À retenir

La COP 21, organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 semble toutefois avoir marqué un tournant. Elle se conclut par la signature de l’accord de Paris engageant $195$ États à agir afin de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des $2\degree\text{C}$ d’ici à 2100.

Attention

Quelques années après la signature de l’accord de Paris, nous constatons que les engagements, pourtant nécessaires pour enrayer les conséquences du dérèglement climatique, ne sont malheureusement pas respectés par de trop nombreux pays.

L’Action du C.E.S.E au cœur des débats de société

Définition

C.E.S.E :

Conseil économique, social et environnemental. Les membres du C.E.S.E. sont issus de la société civile. Son rôle est essentiellement consultatif.

À l’échelle nationale, le C.E.S.E. exerce un rôle important. Troisième assemblée de la République française après l’Assemblée et le Sénat, ses membres sont tous issus de la société civile (représentants du monde du travail, d’associations, de syndicats…).

À retenir

Le C.E.S.E est à l’initiative d’importantes réformes comme celle liée à la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en 2015, qui vise à réduire la production de gaz à effet de serre en France.

L’action de l’État face aux questions de bioéthique

Les questions liées à la fin de vie sont de celles qui mobilisent et émeuvent le plus l’opinion publique. Les progrès de la médecine permettent de maintenir en vie des personnes très malades ou lourdement handicapées au prix parfois d’une perte partielle ou même totale de leur autonomie.

Se pose alors la question du sens de continuer à vivre dans ces conditions, et selon les cas, d’une éventuelle mort facilitée.

Astuce

Remarque :

Ce sujet est d’autant plus sensible que certains pays frontaliers, comme la Suisse ou la Belgique, permettent déjà à certaines personnes de suivre une procédure de suicide assisté, lorsque les situations médicales et psychologiques des patients le permettent.

La loi Léonetti adoptée le 22 avril 2005 a permis des avancées importantes sur ces questions en autorisant notamment les médecins à interrompre le traitement d’une personne dont la situation médicale est considérée comme irréversible et désespérée.

Notons toutefois que cette question reste extrêmement délicate, comme le prouve le combat judiciaire qui oppose les parents et la femme de Vincent Lambert, personne tétraplégique en état végétatif depuis plus de $10$ ans. Alors que sa femme et le corps médical souhaitent arrêter les traitements dont il bénéficie, ses parents désirent au contraire qu’ils se poursuivent afin de le maintenir en vie coûte que coûte.
Ces deux parties se sont opposées pendant plusieurs années avant que la décision finale ne soit rendue par la justice française en 2019.