Le changement climatique et ses effets sur un territoire densément peuplé
Introduction :
Les sociétés humaines sont toutes concernées par le changement climatique, qui affecte la planète dans sa globalité. Cependant, ce changement global a des effets multiples qui s’expriment différemment selon le lieu, le milieu ou encore la densité de la population. Les grands foyers de peuplement sont particulièrement touchés par le phénomène. Face à ce défi qui touche la planète à toutes les échelles, il est difficile d’établir une gouvernance mondiale. En effet, chaque pays apporte des réponses différentes selon ses propres problématiques. Dès lors, une forte densité de population est-elle un facteur agravant de risques pour les sociétés face au changement climatique ?
Dans un premier temps, nous nous attacherons à définir le changement climatique et dans un second temps, nous nous intéresserons à ses effets sur les sociétés humaines.
Qu’est-ce que le changement climatique ?
Qu’est-ce que le changement climatique ?
Qu’est-ce que le climat ?
Qu’est-ce que le climat ?
Le climat est la météo moyenne dans une zone donnée observée pendant une période de 30 à 40 ans.
Si le temps peut changer chaque jour, le climat d’un lieu donné est plus ou moins stable sur une longue période (au moins 30 ans). Le climat d’un lieu est déterminé par sa distance par rapport à l’équateur. Cette distance indique si le lieu donné a un climat froid, tempéré ou chaud. D’autres facteurs tels que les précipitations, la présence de montagnes et d’océans, etc. sont importants. Cet ensemble de facteurs s’appelle le système climatique.
Définir le système climatique revient donc à s’intéresser aux « grandes tendances » météorologiques comme l’établissement de moyennes de température. Dès lors, un changement climatique correspond à une évolution anormale du climat.
Un épisode de forte chaleur sur un été ne suffit pas à établir un changement climatique. Il faut que ces épisodes « anormaux » se répètent, au point de modifier la moyenne sur les 30 ans d’études climatiques.
Il ne faut pas confondre « climat » et « météo ».
En effet, le « temps qu’il fait », c’est-à-dire la météo, correspond aux conditions météorologiques d’un temps (soleil, pluie, etc.) donné sur un espace donné. Le climat s’étudie sur le long terme. Ainsi, on ne peut pas nier le réchauffement climatique en prenant en exemple des températures extrêmement froides lors d’un hiver particulièrement rigoureux.
Aujourd’hui, il y a consensus au sein de la communauté scientifique autour de la question du réchauffement climatique. Cependant, comment ce constat a-t-il été établi ?
Établir le constat d’un changement climatique
Établir le constat d’un changement climatique
Depuis les années 1960, des scientifiques procèdent à des forages (action de creuser des trous dans une matière solide) de la calotte glaciaire dans l’Arctique et l’Antarctique. Ces forages permettent l’étude de carottes glaciaires (échantillons de glace en forme de cylindre) qui nous délivrent des informations sur l’évolution du climat sur Terre dans le temps.
Extraction d’une carotte de glace en Arctique (2017) ©Lonnie Thompson, Byrd Polar Research Center, Université de l’État de l’Ohio
Ces études montrent que l’activité climatique de la Terre fait alterner des périodes froides et des périodes dites « interglaciaires », c’est-à-dire des périodes entre deux glaciations, où les températures moyennes de la planète sont relativement plus élevées.
Elles montrent que la planète connait un réchauffement climatique de grande ampleur et qu’un vrai phénomène d’augmentation des températures se produit sur terre depuis 100 à 150 ans. Entre autres, les températures augmentent de façon plus brutale qu’avant.
Par exemple, on sait aujourd’hui que le climat de la France est plus chaud d’environ un degré et demi par rapport à l’époque de la Seconde République, ère préindustrielle (1848-1852).
Le réchauffement climatique est donc établi scientifiquement aujourd’hui. Par ailleurs, le consensus scientifique reconnait la responsabilité de l’homme dans ce changement global.
L’origine humaine du changement climatique
L’origine humaine du changement climatique
Aujourd’hui, les activités humaines sont considérées comme la cause principale du réchauffement climatique par la plupart des scientifiques, comme ceux du GIEC.
GIEC - Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat :
Le GIEC a été fondé en 1988 par l’ONU. Il rassemble des experts de différentes disciplines dont le rôle est d’évaluer les risques du changement climatique et son origine anthropique (humaine).
Cette responsabilité de l’homme s’explique par l’accroissement de la production de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, principalement le CO2 (dioxyde de carbone, issu de la combustion des énergies fossiles, pétrole et charbon ou de la biomasse, c’est-à-dire l’ensemble des matières organiques végétales ou animales issues de l’agriculture par exemple).
Effet de serre :
L'effet de serre est un phénomène naturel provoquant une élévation de la température à la surface de notre planète. Indispensable à notre survie, ce fragile équilibre est menacé. Les gaz à effet de serre (GES, vapeurs d’eau, méthane, gaz carbonique…) absorbent une partie des rayons solaires et forment une barrière autour de la Terre qui lui permet de retenir la chaleur émise par le Soleil. On peut comparer cette barrière à une serre agricole, qui isole les plantes de l’air extérieur et régule la température.
L’accroissement des rejets de CO2 depuis la Révolution industrielle au XIXe siècle a deux causes :
- l’industrialisation et la croissance économique ;
- la croissance démographique : la planète compte 7,6 milliards d’habitants sur Terre en 2019, contre 1,5 milliards en 1900.
L’exploitation massive des hydrocarbures (pétrole, gaz) entraîne des rejets anormaux de CO2 dans l’atmosphère par leur combustion (action de brûler une matière).
Hydrocarbures :
Les hydrocarbures sont des ressources énergétiques composées de carbone et d’hydrogène. On utilise ce terme pour faire référence au pétrole et au gaz naturel. Ce sont des ressources non renouvelables.
De même, la déforestation massive à l’échelle planétaire entraine un accroissement de l’effet de serre. En effet, en temps normal, la végétation absorbe le CO2 et permet de compenser nos émissions de carbone. La suppression d’espaces boisés, comme en Amazonie, met en péril cet équilibre.
Les océans sont les principaux puits de carbone dans le monde. Or, le réchauffement climatique dégrade leur capacité à absorber du CO2.
La responsabilité humaine dans la transformation de l’environnement a amené des scientifiques à utiliser le terme « d’anthropocène » pour qualifier notre époque.
Anthropocène :
L’anthropocène est une notion utilisée par des scientifiques pour qualifier les conséquences globales des activités de l’homme sur son environnement. Ce terme se compose du grec anthropos qui signifie « être humain » et de kainos qui signifie « nouveau ». Cette période géologique succéderait à l’Holocène (période qui a démarré il y a 11 500 ans et s’est terminée de nos jours, au moment où le climat s’est adouci).
Certains scientifiques sont communément qualifiés de « climato-sceptiques » : ils nient la responsabilité humaine dans le changement climatique. Cependant, ils ne représentent qu’une faible minorité au sein de la communauté scientifique mondiale.
Si la réalité du dérèglement climatique est maintenant établie, il convient de s’intéresser à ses effets sur les différentes sociétés du globe. Ces effets se font déjà ressentir sur l’environnement, à différentes échelles et selon les milieux étudiés.
Les effets du changement climatique sur les sociétés
Les effets du changement climatique sur les sociétés
Des conséquences globales pour toute la planète : l’exemple de l’effet de serre
Des conséquences globales pour toute la planète : l’exemple de l’effet de serre
En 2017, le physicien finlandais Antti Lipponen a représenté sous forme de graphiques l’évolution des températures dans le monde entier, pays par pays. Il est arrivé à la conclusion que tous les pays du globe étaient touchés par le réchauffement climatique. Pour ce faire, il a utilisé les données de la NASA (organisme américain chargé de l’exploration de l’espace).
Son travail prouve également que le réchauffement climatique s’accélère, au rythme de l’exploitation des ressources par l’homme et de l’industrialisation de nos sociétés. En 2016, la hausse mondiale des températures a atteint 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Les anomalies de températures, pays par pays, pour l’année 2016, par Antti Lipponen - CC BY 2.0
Un des effets globaux les plus mesurables à l’échelle de la planète est la fonte des glaces. En effet, les pôles sont directement affectés par la hausse des températures, ce qui entraîne la fonte des glaciers et, mécaniquement, une hausse du niveau de la mer.
- On estime qu’entre 1901 et 2010, le niveau global des océans a augmenté de 19 cm.
Si ce changement est global, il ne touche pas de la même manière les différents espaces terrestres. Certaines sociétés sont plus vulnérables et plus susceptibles d’en ressentir les effets.
Les territoires densément peuplés plus vulnérables face au changement climatique ?
Les territoires densément peuplés plus vulnérables face au changement climatique ?
Certains espaces de la planète ressentent davantage les effets du réchauffement climatique. Nous étudierons ici l’impact sur les territoires densément peuplés.
En effet, les espaces sont inégalement occupés par l’homme.
Foyer de peuplement :
Un foyer de peuplement est un espace regroupant une population très nombreuse sur le long terme.
Tout d’abord, on peut remarquer que les foyers de peuplement se situent très majoritairement dans les espaces littoraux (sur les côtes). Dès lors, les conséquences du changement global se font sentir : hausse du niveau global des océans, raréfaction des ressources halieutiques (poissons), etc.
Selon le GIEC, 1 personne sur 10 vit dans un milieu menacé par la montée des eaux. Selon lui, le Bangladesh est un des pays qui subit le plus les effets du réchauffement climatique : les moussons (période de fortes pluies l’été) y sont de plus en plus violentes chaque année, la montée des eaux engloutit des îles de l’archipel et le pays subit également de plus en plus de cyclones.
De plus, le réchauffement climatique affecte directement les capacités de production alimentaires de certains États. Au Sahel (grande plaine en Afrique), la sécheresse est de plus en plus forte et les terres arables (labourables) reculent. Les populations vivant de l’agriculture subissent donc de plein fouet la baisse des récoltes et le manque d’eau. Dès lors, il leur est difficile de s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques en l’absence de moyens financiers suffisants.
L’Inde, second pays le plus peuplé au monde, est également concernée par des risques récurrents de sécheresse. Avec près d’1,2 milliard d’habitants, elle est d’une grande vulnérabilité sur les questions alimentaires :
- difficultés pour produire suffisamment, ce qui entraîne une dépendance alimentaire envers d’autres pays ;
- difficultés pour approvisionner la totalité du pays en eau et en nourriture en cas de pénurie.
Plus globalement, on voit que le changement global affecte des espaces déjà vulnérables car ils connaissent des problématiques de pauvreté et de manque d’infrastructures. Assurer le développement humain des pays pauvres dans un contexte de forte hausse des températures sera difficile, voire impossible. En 2014, la Banque mondiale a alerté les États dans un rapport intitulé Turn down the heat (en français : « baissez le chauffage »). Selon ce rapport :
« Promouvoir le développement humain, mettre fin à la pauvreté, augmenter la prospérité générale et diminuer les inégalités globales seront déjà difficiles dans un monde à + 2 °C mais, dans un monde à + 4 °C, on peut fortement douter que cela soit tout simplement possible ».
Face à ces défis, certains États prennent des mesures pour limiter notre impact sur le climat. Cependant, il n’y a pas de véritable gouvernance mondiale sur ces questions.
Des mesures de lutte contre le réchauffement inégales selon les États
Des mesures de lutte contre le réchauffement inégales selon les États
Sur le plan international, l’Organisation des Nations unies s’est saisie de la question du changement global avec, entre autres, la création du GIEC. Le groupement scientifique alerte régulièrement la communauté internationale. Selon son dernier rapport, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent impérativement baisser, au risque d’une hausse des températures qui pourrait aller jusqu’à 4,8 °C d’ici la fin du XXIe siècle.
En 2015, la Conférence de Paris ou COP21 a abouti à un accord multilatéral de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’après 2020. L’objectif poursuivi par les signataires est de limiter le réchauffement mondial à 2 °C d’ici 2100.
Néanmoins, il est très difficile d’aboutir à une gouvernance mondiale autour de la question du changement global. En effet, les problématiques diffèrent selon les pays :
- les pays développés, poussés par l’opinion publique, ont tendance à prendre des mesures pour réduire leur empreinte carbone. Dans ce contexte, ces pays peuvent voir dans le changement climatique une opportunité de croissance : développement des énergies renouvelables, lois en faveur de l’environnement, etc.
- les pays émergents, comme la Chine et l’Inde, sont réfractaires à l’idée de réduire leur empreinte carbone. Ils revendiquent une « dette écologique » : les pays développés ayant pu polluer pour accompagner leur croissance économique au long du XXe siècle, il serait injuste que les pays émergents soient entravés dans leur développement.
- les pays en voie de développement, notamment les PMA (pays les moins avancés), subissent le changement global. Ils rejettent beaucoup moins de CO2 que les pays les plus riches. Cependant, ils sont fortement affectés par les effets du réchauffement. De plus, il est difficile pour l’ONU de leur demander des efforts financiers en matière de développement durable. En effet, ces pays estiment que leur priorité est d’abord et avant le tout le développement humain et la réduction des inégalités.
On voit donc que le niveau de développement affecte la capacité de résilience des sociétés, c’est-à-dire leur capacité à s’adapter au changement climatique.
Résilience :
La capacité de résilience d’une société est sa capacité à s’adapter à un évènement, à une catastrophe ou à un phénomène extérieur et à reprendre le dessus.
Cependant, il existe des divergences au sein de ces catégories.
- Les États-Unis, première puissance économique mondiale, ont refusé de signer les accords de la Conférence de Paris en 2015. Par ailleurs, ils n’étaient pas signataire du Protocole de Kyoto (1997) qui imposait pour la première fois aux pays du globe une réduction de leurs émissions de CO2.
- Le Costa Rica, pays en développement, a fortement développé les énergies renouvelables et souhaite être neutre en carbone d’ici 2021 (c’est-à-dire ne pas produire plus de carbone dans l’atmosphère que ce que son territoire peut absorber). Le pays a même fait inscrire un « droit à un environnement sain » dans sa Constitution.
Conclusion :
Malgré des alertes répétées par les scientifiques et diverses associations de protection de l’environnement, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Le développement économique, l’industrialisation et la hausse démographique en sont les causes principales. Dès lors, les foyers de peuplement sont particulièrement impactés. En effet, la plupart sont situés en zones vulnérables car littorales. De plus, le réchauffement climatique a un impact direct sur l’environnement, ce qui affecte l’approvisionnement en eau et en nourriture d’une population nombreuse. Face à ces défis, chaque pays prend des mesures selon ses propres problématiques liées à son niveau de développement.