L'histoire de la psychiatrie (Foucault)

La psychiatrie et la question de la liberté

  • Jusqu’au XXe siècle, et encore dans certains pays, la médecine psychiatrique était souvent violente.
  • Michel Foucault, dans Histoire de la folie à l’âge classique, aborde la privation de liberté. La thèse de Foucault consiste à présenter la liberté comme un état équivoque :
  • d’un côté la psychiatrie laisse faire le « fou » afin qu’il puisse exprimer sa « vérité », pour l’observation et la connaissance du fou ;
  • d’un autre côté, cette étude de la vérité du fou s’effectue dans le cadre institutionnel de l’asile ou de l’hôpital, condition pour que se réalise la saisie de la vérité du fou enfermé.
  • Cette ambiguïté entre ce qui doit être libre, et ce qui doit être contenu, par une forme proche de la forme carcérale, produit trois types de contradiction.
  • Le champ de la liberté du fou est restreint au cadre de l’internement.
  • Le fou n’est pas considéré comme un criminel mais, s’il n’est pas mis dans une prison, c’est pour être mis dans un asile. S’il en sort, il devient un coupable évadé.
  • Il est laissé libre dans son cadre à condition que sa volonté soit « transférée et aliénée » à celle du médecin psychiatre : ce qui constitue le pouvoir médical.
  • Les « fous » ne sont ni libres ni libérés, mais leur liberté est « objectivée » pour des raisons de surveillance.

Violence et psychiatrie

  • La violence psychiatrique du XXe siècle a été dépeinte dans le roman de Ken Kesey Vol au-dessus d’un nid de coucou (1962), adapté au cinéma par Miloš Forman (1975).
  • La notion de « vol » et de « survol » évoquées par le titre, traduit le recul de McMurphy sur la maladie mentale des autres patients.
  • Le réalisateur Miloš Forman voit en McMurphy, l’hôpital psychiatrique et ses malades, une représentation de la Tchécoslovaquie de l’époque, son pays d’origine.
  • McMurphy incarne symboliquement le rebelle politique qui résiste au communisme, ne veut pas obéir au pouvoir et aux règles quand elles sont arbitraires et injustes.
  • L’infirmière Ratched est une dictatrice médicale, représentation du contrôle de l’État sur la liberté des personnes.
  • Les malades qui acceptent leur condition, prennent leurs médicaments, ne se posent pas trop de questions, représentent la population, pauvre, abattue et défaitiste.
  • Le film de Miloš Forman traite indirectement de la répression de l’autoritarisme et, directement, d’un autoritarisme médical.

L’antipsychiatrie

  • Face à la violence psychiatrique, un courant médical apparaît et se développe dans les années 60 et 70 : l’antipsychiatrie.
  • L’antipsychiatrie a activement dénoncé les conditions de vie misérables et les privations de liberté dans les asiles d’aliénés et s’est opposée à certains traitements, notamment les électrochocs.
  • David Cooper, directeur de l’unité expérimentale pour malades schizophrènes nommée « Pavillon 21 », développe une psychiatrie dite « existentialiste ».
  • Elle ne se réduit pas au souci de « calmer » le patient, mais tient compte de l’existence globale de ce dernier.
  • Dans Psychiatrie et antipsychiatrie, David Cooper analyse la question de la violence psychiatrique et de ses spécificités par rapport aux types habituels de violence. Sa thèse sur la notion de normalité et de la dualité normal/anormal est relativiste.
  • Cooper critique le postulat des sciences psychanalytiques : est normal et relève de la bonne santé mentale ce qui est conforme aux normes de la société.
  • Cooper soulève un doute : l’institution psychiatrique prend-elle soin de celui qui est fou ou ne serait-ce pas l’institution psychiatrique qui rend folle la personne ?