L’évolution de la mobilité sociale

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Des trajectoires sociales plutôt courtes

  • De 1945 à 1973, PIB, a fortement augmenté entraînant en cascade :
  • une hausse des revenus des entreprises ;
  • une hausse des salaires et des revenus de transfert ;
  • une augmentation des revenus des ménages.
  • Le niveau de vie moyen a augmenté et les écarts de revenus entre les individus ont diminué : on parle de moyennisation de la société (cf. toupie de Mendras).
  • Les baby-boomers ont profité de cette moyennisation : leur position sociale est plus élevée que celle de leurs parents.
  • On appelle cela : la promotion sociale ou la mobilité sociale ascendante.
  • La mobilité sociale des baby-boomers résulte d’une transformation des emplois.
  • Le nombre d’emplois d’agriculteur·rice·s, d’artisan·e·s et d’ouvrier·ère·s a diminué au profit d’une hausse des professions intermédiaires et cadres.
  • On parle de mobilité structurelle.
  • Si le phénomène de promotion sociale est très important, on parle de transfuge de classe : l’individu occupe une position sociale beaucoup plus élevée que celles de ses parents.
  • Cependant, en dehors du contexte des Trente Glorieuses, les trajectoires ascendantes des individus dans l’espace social sont rarement de longue portée :
  • $22,9\,\%$ des fils d’ouvriers font partie des professions intermédiaires et seulement $9,4\,\%$ deviennent cadres ;
  • $26,1\,\%$ des fils d’employés font désormais partie des professions intermédiaires et seulement $16,3\,\%$ occupent des postes de cadres.
  • Ce sont surtout les fils de cadres qui deviennent cadres à leur tour ; il en va de même pour les fils d’ouvriers.
  • On parle de reproduction sociale. Elle caractérise particulièrement les catégories socioprofessionnelles extrêmes.
  • Les individus situés au centre de l’espace social sont plus mobiles.
  • On parle de mobilité sociale horizontale.
  • Pierre Bourdieu tente d’expliquer pourquoi l’origine sociale impacte les possibilités de promotion sociale d’un individu.
  • Selon lui, la culture transmise à l’enfant par la socialisation familiale conditionne la réussite scolaire et ses parcours professionnels.
  • En outre, les trajectoires sociales varient aussi en fonction du genre de l’individu :
  • les hommes connaissent davantage de mobilité ascendante que les femmes ;
  • les femmes ont plus tendance à occuper une position sociale inférieure à celle de leur père.
  • C’est encore la socialisation (Bourdieu) qui permet de comprendre l’impact du genre dans les possibilités d’ascension sociale : les apprentissages durant la socialisation primaire sont différents selon que l’on soit une fille ou un garçon.

Peur ou montée du déclassement depuis les années 1980

  • À partir des années 1980, la croissance économique est ralentie, les créations d’emplois sont moins nombreuses et le chômage de masse apparaît.
  • Les trajectoires sociales des individus entrés sur le marché du travail dans les années 1980 sont donc différentes de celles des baby-boomers.
  • Premier constat, les diplômes ne fournissent plus une ascension sociale assurée aux individus ; deux phénomènes principalement en cause :
  • la croissance économique et la création d’emplois ont diminué ;
  • l’École s’est démocratisée (augmentant le nombre d’individus diplômés).
  • Il y avait donc plus d’individu en recherche d’emplois de cadres, mais moins de créations d’emplois de cadres que pendant les Trente Glorieuses.
  • C’est ce qu’illustre le paradoxe d’Anderson : un individu, qui détient un diplôme supérieur à celui de ses parents ne parvient pas à occuper une position sociale supérieure à ceux-ci.
  • Le paradoxe d’Anderson met en évidence et en lien ce que l’on appelle le déclassement scolaire et le déclassement intergénérationnel.
  • En période de ralentissement économique, afin de trouver l’emploi correspondant aux qualifications, l’individu peut faire appel à son réseau de connaissances.
  • C’est ce que Pierre Bourdieu appelle le capital social d’un individu, tous n’en sont pas également dotés.
  • À partir des années 1980, on parle du déclassement de la classe moyenne : il ne fait pas l’unanimité chez les sociologues.
  • Louis Chauvel conclut qu’à diplôme égal, les individus nés dans les années 1960 ont été plus nombreux que les baby-boomers à faire l’expérience d’une mobilité sociale descendante.
  • Ce n’est pas la thèse soutenue par Éric Maurin pour qui il ne faut pas comparer la valeur d’un même diplôme entre deux générations différentes.
  • Pour lui, la valeur du diplôme dépend du contexte économique et social de l’époque.
  • Éric Maurin préfère donc parler de peur du déclassement des classes moyennes.
  • Selon lui, il y a bel et bien des individus de classes moyennes déclassés mais leur proportion n’augmente pas.
  • Il montre également que le diplôme constitue un solide bouclier face au chômage.
  • Selon cette thèse, il serait donc plus intéressant d’étudier le déclassement intragénérationnel.