Croissance linéaire et suites arithmétiques
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Les notions de cette fiche de cours sont appliquées de manière détaillée dans l’exercice corrigé : « Utiliser les suites arithmétiques pour modéliser une situation ».
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Introduction :
Prévoir l’évolution des températures sur la Terre, l’augmentation du niveau moyen des océans. Étudier l’évolution de la population d’une ville pour en adapter les infrastructures. Ou comprendre comment fonctionne un placement financier. Les modèles mathématiques sont partout dans notre monde actuel et permettent de mieux l’appréhender.
Dans ce cours, nous allons découvrir les suites arithmétiques, qui permettent de modéliser certains de ces phénomènes.
Suites numériques
Suites numériques
Suite numérique :
Une suite numérique $u$ est une fonction définie sur $\mathbb N$ qui associe, à tout entier naturel $n$, un nombre réel noté $u(n)$, appelé terme général de la suite $u$ :
$$u:n\mapsto u(n)$$
Remarques :
- Une suite numérique peut être considérée comme une liste ordonnée et infinie de nombres réels.
- Pour un entier naturel $p$, $u(p)$ est appelé terme de rang (ou d’indice) $p$.
- Une suite numérique peut être définie à partir d’un rang $k$ strictement supérieur à $0$. Le premier rang est toutefois souvent $0$ ou $1$.
- Une suite $u$ peut aussi se noter $(u_n)$. Son terme général est alors noté $u_n$.
Représentation graphique d’une suite numérique :
Dans un repère du plan, la représentation graphique d’une suite $u$ est le nuage de points de coordonnées $\big(n\ ;\, u(n)\big)$.
On considère la liste des carrés parfaits, classés dans l’ordre croissant :
$$\lbrace 0\ ;\, 1\ ;\, 4\ ;\, 9,\,16\ ;\, 25\ ;\, 36\ ;\, … \rbrace$$
Cette liste peut être considérée comme une suite $u$ :
- son premier terme est le terme de rang $0$ et vaut $0$ : $u(0)=0$ ;
- son terme de rang $1$ vaut $1$ : $u(1)=1$ ;
- son terme de rang $2$ vaut $4$ : $u(2)=4$ ;
- et ainsi de suite :
Termes de la suite u
- Cette suite $u$ associe, à tout entier naturel $n$, son carré ; elle est définie sur $\mathbb N$ par $u(n)=n^2$.
Ainsi, par exemple :
$$\begin{aligned}
u(12)&=12^2=144 \\
u(50)&=50^2=2\,500 \\
u(10^6)&={(10^6)}^2=10^{12}
\end{aligned}$$
Attention : On a commencé la numérotation des termes à $0$. Ainsi, $u(0)$ est le premier terme. Le terme de rang $1$, $u(1)$, est le deuxième terme. Le terme de rang $2$, $u(2)$, est le troisième terme….
On peut représenter les $11$ premiers termes de la suite par les points de coordonnées :
- $\big(0\ ;\, u(0)\big)$, soit $(0\ ;\, 0)$ ;
- $\big(1\ ;\, u(1)\big)$, soit $(1\ ;\, 1)$ ;
- $\big(2\ ;\, u(2)\big)$, soit $(2\ ;\, 4)$ ;
- $\big(3\ ;\, u(3)\big)$, soit $(3\ ;\, 9)$ ;
- etc.
Représentation des 11 premiers termes de la suite u (image temporaire)
Suites arithmétiques
Suites arithmétiques
Dans cette partie, on va s’intéresser à des suites numériques spécifiques : les suites arithmétiques.
Définition et propriétés
Définition et propriétés
Suite arithmétique :
Une suite numérique $u$, de premier terme $u(0)$ donné, est dite arithmétique lorsqu’il existe un réel $r$ tel que, pour tout entier naturel $n$, $u(n+1)=u(n)+r$.
- Le nombre $r$ est appelé raison de la suite arithmétique.
Remarques :
- Dans une suite arithmétique, pour passer d’un terme au suivant, on ajoute toujours le même nombre : la raison $r$. Autrement dit, la différence entre deux termes consécutifs est constante et vaut $r$.
- La relation $u(n+1)=u(n)+r$ entre deux termes consécutifs est appelée relation de récurrence : les termes de la suite $u$ se calculent de proche en proche à partir de $u(0)$.
Dans une suite arithmétique, la variation absolue entre deux termes consécutifs reste constante. On parle de croissance linéaire.
On considère maintenant une suite arithmétique $u$, de premier terme $u(0)$ et de raison $r$, et on représente l’évolution entre $u(0)$ et $u(n)$, avec $n$ un entier naturel :
$$u(0)\,\overbrace{\red{\xrightarrow{+r}}u(1)\red{\xrightarrow{+r }}u(2)\red{\xrightarrow{+r }}… \red{\xrightarrow{+r}}u(n-1)\red{\xrightarrow{+r }}}^{\green n \text{ fois}}\,u(\green n)$$
Ainsi, pour passer de $u(0)$ à $u(\green n)$, on ajoute, à $u(0)$, $\green n$ fois la raison $\red r$, soit $\green n\times \red r$.
Soit $u$ une suite arithmétique de premier terme $u(0)$ et de raison $r$.
Pour tout entier naturel $n$, on a la relation fonctionnelle :
$$u(n)=u(0)+nr$$
Remarques :
- La formule $u(n)=u(0)+nr$, avec $u(0)$ et $r$ connus, est dite explicite : elle permet de calculer n’importe quel terme de la suite $u$ directement à partir du rang $n$.
- Avec la formule de récurrence $u(n+1)=u(n)+r$, pour pouvoir calculer un terme, il faut avoir calculé tous les termes précédents.
Soit $u$ la suite arithmétique de premier terme $\purple{u(0)=-4}$ et de raison $\red{r=2,5}$.
- On a alors la relation de récurrence, pour tout entier naturel $n$ :
$$u(n+1)=u(n)+\red r=u(n)+\red{2,5}$$
On a ainsi, par exemple :
$$\begin{aligned} \green{u(1)}&= \purple{u(0)}+\red r=\purple{-4}+\red {2,5}=\green{-1,5} \\ \pink{u(2)}&= \green{u(1)}+\red r= \green{-1,5}+\red{2,5}=\pink{1} \end{aligned}$$ - On a aussi la formule explicite, qui exprime le terme général $u(n)$ en fonction de $n$. Ainsi, pour tout entier naturel $n$ :
$$u(n)=\purple{u(0)}+ n\red r=\purple {-4}+ \red{2,5}n$$
On peut alors calculer directement, par exemple, les termes de rangs $12$ et $20$ :
$$\begin{aligned} \orange{u(12)}&=\purple {-4}+ \red{2,5}\times \orange{12}= \orange{26} \\ \blue{u(21)}&=\purple {-4}+ \red{2,5}\times \blue{21}= \blue{48,5} \end{aligned}$$
Soit $v$ la suite arithmétique de premier terme $\purple{v(0)=7}$ et de raison $\red{r^{\prime}=-3}$.
De la même façon que pour la suite $u$, on peut donner la relation de récurrence qui la définit, et la formule explicite.
Pour tout entier naturel $n$ :
$$\begin{aligned}
\textcolor{#A9A9A9}{\text{Récurrence\ :\ }}&v(n+1)= v(n)+\red {r^{\prime}}= v(n)\red{-3} \\
\textcolor{#A9A9A9}{\text{Explicite\ :\ }}&v(n)=\purple{v(0)}+ n\red{r^{\prime}} =\purple{7}\red{-3}n
\end{aligned}$$
Une formule explicite peut permettre de reconnaître une suite arithmétique, et de donner son premier terme et sa raison.
Par exemple, soit $u$ la suite définie, pour tout entier naturel $n$, par :
$$u(n)=2,3+ 3,7n$$
On reconnaît une formule du type $u(0)+nr$. En effet :
$$u(n)=\overbrace{2,3}^{\footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}{u(0)}}}+ {\underbrace{3,7}_{\footnotesize{\textcolor{#A9A9A9}r}}}n$$
- $u$ est donc une suite arithmétique de premier terme $2,3$ et de raison $3,7$.
Soit $u$ une suite arithmétique de raison $r$.
De manière générale, on a, pour tous entiers naturels $n$ et $p$ :
$$u(n)=u(p)+(n-p)r$$
Remarque :
Ainsi, si le premier terme est de rang $1$ (au lieu de $0$), on a :
$$u(n)=u(1)+(n-1)r$$
Sens de variation et représentation graphique
Sens de variation et représentation graphique
[admise]
Soit $u$ une suite arithmétique de premier terme $u(0)$ et de raison $r$.
- Si $r > 0$, la suite $u$ est strictement croissante. Cela signifie que, pour tout entier naturel $n$, $u(n) < u(n+1)$ : tout terme de la suite est plus petit que le suivant.
- Si $r < 0$, la suite $u$ est strictement décroissante. Cela signifie que, pour tout entier naturel $n$, $u(n) > u(n+1)$ : tout terme de la suite est plus grand que le suivant.
- Si $r = 0$, la suite $u$ est constante et égale à son premier terme.
Les points du nuage représentant une suite arithmétique sont alignés.
La différence entre les abscisses de deux points consécutifs vaut $1$, et la différence entre leurs ordonnées est égale à la raison.
Soit $u$ la suite arithmétique de premier terme $u(0)=-4$ et de raison $r=2,5$.
On veut représenter la suite $u$ par un nuage de points de coordonnées $\big(n\ ;\, u(n)\big)$ , pour $0 \leq n \leq 10$.
On peut calculer les termes voulus, en utilisant soit la relation de récurrence, soit la formule explicite, comme expliqué dans l’exemple de la partie 2.a. Le tableau suivant donne les résultats :
11 premiers termes de la suite u
On peut maintenant placer dans un repère les points de coordonnées $(0\ ;\, -4)$, $(1\ ;\, -1,5)$, $(2\ ;\, 1)$, etc.
Représentation des 11 premiers termes de la suite u (image temporaire)
La raison $r=2,5$ de $u$ est strictement positive, donc $u$ est strictement croissante.
On voit bien que, sur la représentation, le nuage de points « monte » : quand $n$ augmente, $u(n)$ augmente.
On peut aussi voir que les points sont effectivement alignés.
On a représenté ci-dessous les $11$ premiers termes de la suite arithmétique $v$, de premier terme $v(0)=7$ et de raison $r^{\prime}=-3$ :
Représentation des 11 premiers termes de la suite v (image temporaire)
La raison $r^{\prime}=-3$ de $v$ est strictement négative, donc $v$ est strictement décroissante.
On voit bien que, sur la représentation, le nuage de points « descend » : quand $n$ augmente, $u(n)$ diminue.
On peut voir que, ici aussi, les points sont effectivement alignés.