Crédit photo : Henri Manuel, vers 1900
Jules Renard renonce, après son baccalauréat, à la carrière de professeur et préfère fréquenter les milieux littéraires et se livrer à l'écriture. Il publie des poèmes et des articles de journaux, puis, en 1887, entame l'écriture d'un premier roman.
Son activité de journaliste et de critique littéraire ne lui assurant pas toute l'indépendance financière nécessaire, il contracte un mariage de raison, mariage par ailleurs harmonieux et heureux.
Il est l'un des fondateurs et actionnaires du tout jeune magazine Mercure de France en 1889 et peu à peu, ses romans obtiennent la reconnaissance du public.
L'Écornifleur - (1892) Poil de Carotte - (1894) Le Plaisir de rompre - (1897) Journal, 1887-1910 - (1925)
Jules Renard est l'auteur d'une abondante œuvre romanesque et dramatique, mais il a également écrit un journal, publié après sa mort, témoignage important de la vie littéraire de son époque et reflet de son esprit mordant. L'écriture de Jules Renard est en effet celle d'un moraliste, capable de décrire en quelques traits un personnage, jamais avare d'ironie et de critique. Son style est toujours précis et témoigne de sa recherche du mot juste et de l'économie de moyen. Cette précision est souvent mise au service de l'ironie ou de la cruauté, mais n'exclut pas une grande tendresse pour certains de ses personnages, à commencer par le petit Poil de Carotte, qui n'est autre que Jules Renard enfant.
« Pour moi, dit-il, les titres de famille ne signifient rien. Ainsi, papa, tu sais comme je t’aime ! or, je t’aime, non parce que tu es mon père ; je t’aime parce que tu es mon ami. En effet, tu n’as aucun mérite à être mon père, mais je regarde ton amitié comme une haute faveur que tu ne me dois pas et que tu m’accordes généreusement. »
Poil de Carotte , 1894
__ « Il s’appelle Poil de Carotte au point que la famille hésite avant de retrouver son vrai nom de baptême. - Pourquoi l’appelez-vous Poil de Carotte ? À cause de ses cheveux jaunes ? - Son âme est encore plus jaune, dit madame Lepic. » __
Poil de Carotte , 1894
« Je l’entends, mais je la regarde comme si je voulais le voir. Parfois elle essaie de rire. C’est un drame. Elle s’étrangle. Les bouchées remontent, ses joues s’enflent, ses lèvres s’ouvrent malgré ses efforts, et il en sort, avec un pouffement, sur sa serviette déployée toute grande, un jet de choses blanches semblables à la râpure de corne qu’on met dans les boules de verre pleines d’eau pour imiter la neige. »
L’Écornifleur , 1892
« J’ai le physique toujours lâche. Le véritable courage consiste à être courageux précisément quand on ne l’est pas. »
L’Écornifleur , 1892