Auteur
Jean de Léry
Biographie

Jean de Léry est né en 1536 en France, dans une famille modeste, et il a reçu une formation de cordonnier. Converti à la Réforme (à la religion protestante), il doit se réfugier à Genève, où il est en contact avec Jean Calvin. C'est ce dernier qui l'envoie, avec d'autres coreligionnaires, dans la colonie française la « France antarctique », située dans l'actuelle baie de Rio de Janeiro.
Mais les protestants finissent par être chassés de l'île et après avoir cohabité avec les Indiens, ils doivent quitter le Brésil. De cette fréquentation des Indiens Tupinambas, Jean de Léry tirera la matière de son œuvre. Il rédigera en effet, quoi qu'avec difficulté puisque le manuscrit a été perdu deux fois, le récit de son voyage. Il sera publié en 1578.
Les guerres de religion auquel il assiste en France, notamment le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, le convainquent que la barbarie et la sauvagerie se trouvent tout autant en Europe que dans le lointain Brésil.

Bibliographie sélective

Histoire mémorable du siège de Sancerre - (1574)
Histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil - (1578)

Œuvre

Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, encore lu et étudié aujourd'hui, connu un vif succès du vivant de Jean de Léry et est à l'origine d'une mode en faveur des récits de voyage. L'intérêt de ce texte est d'abord ethnographique (étude de l'humain), Jean de Léry décrivant avec précision et sans jugement le mode de vie, la culture et les technologies des Indiens. Mais cette œuvre est remarquable également par sa dimension philosophique et morale, Jean de Léry multipliant les parallèles entre Indiens et Européens, souvent en la défaveur de ces derniers. On peut ainsi considérer qu'il a contribué à forger le mythe du « bon sauvage », naturellement pur et innocent. Malgré cette ouverture d'esprit, Jean de Léry n'en fait pas preuve en matière religieuse.

Citations

« Comme donc mon intention est de perpétuer ici la souvenance d’un voyage fait expressément en l’Amérique pour établir le pur service de Dieu, tant entre les Français qui s’y étaient retirés, que parmi les Sauvages habitant en ce pays-là, aussi ai-je estimé être mon devoir de faire entendre à la postérité combien la louange de celui qui en fut la cause et le motif doit être à jamais recommandable. »
Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil , 1578

« Pacoaire est un arbrisseau croissant communément de dix ou douze pieds de haut : mais quand à sa tige combien il s’en trouve qui l’ont presque aussi grosse que la cuisse d’un homme, tant y a qu’elle est si tendre qu’avec une espée bien trenchante vous en abbatrez et mettrez un par terre d’un seul coup. »
Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil , 1578

« D’autant que quelques Cosmographes et autres historiens de nostre temps ont jà par cy devant escrit de la longueur, largeur, beauté et fertilité de cette quastrième partie du monde appelée Amérique ou terre du Brésil. »
Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil , 1578

« Au reste, chose non moins estrange que difficile à croire à ceux qui ne l’ont vu, tant hommes, femmes qu’enfans, non seulement sans cacher aucunes parties de leurs corps, mais aussi sans monstrer aucun signe d’en avoir honte ny vergongne, demeurent et vont coustumierement aussi nuds qu’ils sortent du ventre de leurs meres. Et cependant tant s’en faut, comme aucuns pensent, et d’autres le veulent faire accroire, qu’ils soyent velus ny couvers de leurs poils, qu’au contraire, n’estans point naturellement plus pelus que nous sommes en ce pays par deçà, encor si tost que le poil qui croist sur eux, commence à poindre et à sortir de quelque partie que ce soit, voire jusques à la barbe et aux paupières et sourcils des yeux (ce qui leur rend la veuë louche, bicle, esgarée et farouche), ou il est arraché avec les ongles, ou depuis que les Chrestiens y frequentent, avec des pincettes qu’ils leur donnent : ce qu’on a aussi escrit que font les habitans de l’Isle de Cumana au Peru. »
Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil__ , 1578