Henri Fielding est anglais, fils cadet d'une grande famille, position qui l'excluait de l'héritage et qui a peut-être contribué à son indépendance d'esprit et à son originalité.
Fielding commence par se consacrer au théâtre et ses pièces font de lui un dramaturge célèbre et populaire à Londres. La popularité de Fielding dramaturge lui apportait une grande aisance financière, à laquelle un décret de censure vient mettre un terme en 1737. Pour échapper à la misère, Fielding fait des études de droit et devient magistrat et journaliste politique. Il se tourne également vers la fiction.
En 1748, Fielding est nommé juge de paix et se distinguera dans cette fonction par son intégrité, son dévouement et ses propositions de réformes.
Miné par les difficultés financières et par des maladies qui le rendent impotent, Fielding meurt à Lisbonne où il séjournait pour reprendre des forces.
Shamela - (1741) Joseph Andrews - (1742 ) Jonathan Wild - (1743 ) Histoire de Tom Jones, enfant trouvé - (1749)
Fielding a écrit de nombreuses pièces de théâtre, des articles et des romans. Ce sont surtout ceux-ci qui sont lus aujourd'hui, et plus particulièrement Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, qui est considéré comme son chef d'œuvre.
Le style de Fielding est volontiers ironique, mais d'une ironie qui touche aussi bien l'auteur, le narrateur, le lecteur que les personnages. Son usage très fin de la rhétorique en fait un pamphlétaire redoutable, notamment à l'égard du gouvernement, ce qui lui valut les foudres de la censure.
Son travail de magistrat a donné à Fielding une excellente connaissance de la société anglaise et il a bien perçu la transition politique et sociale qui était à l'œuvre dans la première moitié du XVIIIe siècle. Ses romans, d'un remarquable réalisme social, sont à ce titre de précieux documents historiques.
« Vos corps sont plus forts que les nôtres, non vos cervelles. Croyez-moi, il est bon pour vous que vous puissiez nous battre ; sans quoi, telle est la supériorité de notre intelligence que nous ferions de vous tous ce que sont déjà les hommes braves, sages, spirituels et polis : nos esclaves. »
Histoire de Tom Jones, enfant trouvé , 1749
« Si les gens d’une culture véritable et d’un savoir presque universel compatissent toujours à l’ignorance d’autrui, les individus qui excellent en quelque art mesquin, bas et sans intérêt ne manquent jamais de mépriser quiconque n’y est pas initié. »
Histoire de Tom Jones, enfant trouvé , 1749
« Mistress Waters (nous l’avouons à regret) avait contracté récemment avec l’enseigne Northerton une intimité qui lui faisait peu d’honneur. Il est certain qu’elle montrait beaucoup de goût pour ce jeune officier ; mais le sentiment qu’il lui inspirait l’entraînait-elle au-delà des bornes du devoir ? C’est ce qui n’est pas aussi prouvé, à moins de supposer qu’une femme ne puisse accorder quelques faveurs, sans les accorder toutes. »
Histoire de Tom Jones, enfant trouvé , 1749
« M. Western, sans avoir jamais lu Machiavel, n’en était pas moins, à certains égards, un politique consommé. Il avait l’esprit imbu des sages maximes si bien enseignées à l’école politico-péripatéticienne de la bourse ; il connaissait au juste la valeur de l’argent, et le seul usage qu’il convient d’en faire, c’est-à-dire de l’entasser. Exact appréciateur des droits de réversion, de survivance, il calculait souvent la fortune de sa sœur, et les chances favorables, pour lui et sa postérité, d’en hériter un jour. Sacrifierait-il de solides espérances à un vain ressentiment ? non, sans doute. À peine s’aperçut-il qu’il avait poussé les choses trop loin, qu’il s’empressa de réparer son imprudence ; et il y réussit sans peine. Mistress Western avait beaucoup d’affection pour lui, encore plus pour sa nièce. D’ailleurs, malgré ses hautes prétentions à la science politique, et son extrême susceptibilité sur ce point, c’était dans tout le reste une femme d’un caractère bon et facile. »
Histoire de Tom Jones, enfant trouvé , 1749