Crédit photo : Paul Nadar, 1888
Né en 1850, à Tourville-sur-Arques, Henry René Albert Guy de Maupassant est le fils de Gustave de Maupassant et de Laure Le Poittevin. Après une enfance en Normandie, il rejoint la capitale où il se lie d’amitié avec les grandes figures littéraires de l’époque qui deviennent ses mentors, notamment Gustave Flaubert puis Émile Zola. Il mène une vie de plaisirs, (chasse, sports nautiques, fêtes) ce qui va le conduire à attraper la syphilis, maladie qui va le poursuivre toute sa vie et le plonger dans la folie.
Sa carrière littéraire s’entend seulement sur une décennie où il écrit uniquement cinq romans mais plus de 300 nouvelles et contes. Le succès de ses recueils lui apportant la reconnaissance, il multiplie les voyages et les croisières sur le pourtour de la Méditerranée, fuyant la vie en société qu’il exècre. Il aura plusieurs enfants qu’il ne reconnaîtra pas, fruits de ses amours sans attaches. Rattrapé par la maladie, hanté par la mort et la solitude, il fréquente assidûment les centres de cure thermale du sud-est de la France. Dévoré par la folie, il tente de se suicider en janvier 1892 et s'éteindra après dix-huit mois d’inconscience presque totale, le 6 juillet 1893 à 42 ans.
La Maison Tellier - (1881) Une Vie - (1883) Bel-Ami - (1885) Le Horla - (1887)
Rejetant le romantisme, Maupassant est à la recherche du roman « réaliste ». Il cherche à créer un roman « objectif » bien qu’ayant conscience du fait que l’auteur effectue un choix dans le réel. Après des débuts dans le journalisme, la décennie de 1880 à 1890 sera sa période la plus féconde.
Il publie sa première nouvelle Boule de suif, en 1880, qui remporte un grand succès et que Flaubert qualifie de « chef-d'œuvre qui restera ». Son premier recueil de nouvelles La Maison Tellier, en 1881, lui apportera la stabilité financière. Il produit alors régulièrement romans et nouvelles parmi lesquels on retrouve Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1884 et le roman que certains considèrent comme le plus abouti, Pierre et Jean, en 1888.
Préférant la sobriété des faits et gestes à l’explication psychologique, son style s’éloigne de celui de ses maîtres et de ce fait, il privilégie les formats courts. Recherchant la solitude et le calme de la méditation dans sa retraite en Normandie, son style est teinté de pessimisme, de dépression et de folie comme par exemple dans Le Horla, publié en 1887.
« La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien… que la mort. »
Bel-Ami , 1885
« J’aime beaucoup les cimetières, moi, ça me repose et me mélancolise : j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis là dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps. »
« Les Tombales »
La Maison Tellier , 1881
« “Oh, ma chère, c'est abominable, abominable, ce qui m'arrive. Je n'ai pas dormi de la nuit, mais pas une minute ; tu entends, pas une minute. Tiens, tâte mon cœur, comme il bat.” Et, prenant la main de son amie, elle la posa sur sa poitrine, sur cette ronde et ferme enveloppe du cœur des femmes, qui suffit souvent aux hommes et les empêche de rien chercher dessous. »
Le Horla , 1887
« Le talent provient de l'originalité, qui est une manière spéciale de penser, de voir, de comprendre et de juger. »
Pierre et Jean , 1887