Crédit photo : Gunnar Bach Pedersen, 2006
Il nous est parvenu peu de textes concernant la vie d’Euripide. Les éléments biographiques sont parfois extraits de poésies satiriques dont Euripide était la cible, ou bien de sources peu fiables, où la légende se mêle à la réalité.
L’histoire veut qu’Euripide soit né le jour même de la bataille de Salamine, qui symbolise la victoire des Grecs sur les Perses. Le poète aurait hérité son nom du détroit d’Euripe, situé entre le continent et l’île où ses parents se seraient réfugiés. Un oracle aurait déclaré à son père qu’Euripide récolterait les « lauriers de la victoire ». Les détracteurs d’Euripide prétendent qu’il était un citoyen de seconde zone, mais il semble pourtant avoir reçu une bonne éducation. Ami de Socrate, philosophe et maître de Platon, il est contemporain de la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes à Spartes. Il trouve la mort avant la victoire des Spartiates.
La légende prétend qu’à la fin de sa vie, il aurait mené une existence d’ermite dans une grotte à Salamine, où il aurait rassemblé une bibliothèque imposante et passé ses journées à méditer. Après la représentation de son Oreste, il se serait rendu en Macédoine à la cour du roi Archélaos, où il aurait écrit ses dernières pièces.
Médée - (431 av. J.-C.) Andromaque - (426 av. J.-C.) Les Suppliantes - (423 av. J.-C. (env.)) Les Bacchantes - (405 av. J.-C.)
Euripide est le troisième des grands tragédiens du Ve siècle avant J.-C., plus jeune que Sophocle et Eschyle. Sa première pièce, Les Péliades, est jouée en 455, trois ans après la première œuvre de Sophocle. La pièce remporte la troisième place du concours tragique. Il gagne ensuite les Dionysies à plusieurs reprises. Seuls 19 textes nous sont parvenus, sur un total qui avoisinerait la centaine. C’est plus que les œuvres de Sophocle et Eschyle réunies. Cette différence s’explique en partie par la popularité croissante du jeune dramaturge au détriment de ses prédécesseurs. Le théâtre d’Euripide est en effet innovant et s’accorde mieux au goût du jour. Le chœur devient de plus en plus indépendant de l’action, il introduit l’utilisation du prologue, et cherche à aborder les mythes d’un point de vue nouveau, tout en proposant des sujets inédits. Son effort de mise en scène rend également ses pièces plus spectaculaires. Son théâtre est plus intime que celui de ses aînés, et prend pour sujet central les passions humaines. Le théâtre classique du XVIIe siècle s’est souvent inspiré de ses œuvres.
« Aux morts importe peu, je pense, la richesse des dons qui les suivent sous terre. Il n’y a là rien qu’une vaine gloire pour l’orgueil des vivants. »
Les Troyennes , 415 av. J.-C.
« Qu’est-ce qu’un mortel ? Rien qu’une ombre.
Je le sais depuis bien longtemps
et je le dis sans crainte : les hommes qui paraissent sages,
qui font sonner bien haut leurs grands calculs,
ce sont ceux-là qui paieront le plus cher.
Le bonheur n’est pas fait pour nous les mortels.
La fortune a flux et reflux, favorisant celui-ci,
celui-là. Mais qui est heureux ? Personne. »
Médée , 431 av. J.-C.
« Au riche et au pauvre il fait part égale en dispensant la joie du vin, remède à toute peine. […] Ce que croit et pratique la foule des modestes je l’accepte pour moi. »
Les Bacchantes , 405 av. J.-C.
« ORESTE :
Tenir devant la lance, on ne le fait pas mieux quand on a de gros bras que quand on n’en a point ! C’est dans le caractère et la vaillance d’âme que ce don-là réside. »
Électre , 416 av. J.-C. (env.)