Auteur
Dino Buzzati
Biographie

Crédit photo : auteur inconnu

Dino Buzzati est né en 1906 en Vénétie, en Italie. Après des études de droit, il devient journaliste au Corriere della Sera, pour lequel il travaillera toute sa vie. Il écrira différents types d’articles, du reportage à l’essai, en passant par la critique d’art. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est affecté en tant que journaliste à la Marine Royale italienne. Parallèlement, il publie le roman qui fera sa renommée, Le Désert des Tartares. Malade du cancer, il décède en 1972.

Bibliographie sélective

Le Désert des Tartares - (1949)
Sept étages - (1953)
Un amour - (1964)
Le K - (1966)

Œuvre

L’œuvre de Buzzati flirte souvent avec le fantastique, qui naît dans une réalité quotidienne et banale. Il s’inspire de Kafka, qui dépeint un monde absurde dans lequel l’homme est impuissant, ainsi qu’au surréalisme et à l’existentialisme (doctrine philosophique) de Jean-Paul Sartre et d’Albert Camus, qui insiste sur l’absurdité et la vacuité de l’existence, soumise aux puissantes forces de la fatalité. Son œuvre est également traversée par une sensibilité religieuse en dépit de l’athéisme de l’auteur. On peut parfois y trouver un fort pessimisme, comme dans Le Désert des Tartares, où un soldat attend toute sa vie des ennemis qu’il ne pourra même pas combattre à leur arrivée, étant tombé malade. De même, Un amour raconte l’impossibilité de retrouver sa jeunesse à travers l’histoire d’amour entre un quinquagénaire et une jeune prostituée. Dans son célèbre recueil de nouvelles, Le K, on lit des histoires fantastiques ou d’anticipation. Le symbolisme y est très présent, comme dans la figure du requin monstrueux qui donne son nom au recueil : fui toute sa vie par un homme qu’il hante, c’est en le combattant à la fin de sa vie que l’homme comprend enfin que le monstre était en fait la clé de son bonheur. Comme dans Le Désert des Tartares, c’est donc l’histoire d’une défaite, empreinte d’un sens puissant de la fatalité.

Citations

« Il parut à Drogo que la fuite du temps s’était arrêtée. C’était comme si un charme venait d’être rompu. Les derniers temps, le tourbillon s’était fait toujours plus intense, puis, brusquement, plus rien, le monde stagnait dans une apathie horizontale et les horloges fonctionnaient inutilement. »
Le Désert des Tartares , 1949

« Au clair de lune, qui transforme les pauvres apparences du jour en un paradis où il serait beau de naufrager à jamais, les choses du premier âge, restées intactes tandis que nous nous précipitons au fond du puits de la vie, elles aussi cherchent à me parler. »
« Clair de lune », Le Rêve de l’escalier , 1971

« Tout ce qui est dans le monde inanimé nous fascine, les bois, les plaines et les fleuves, les montagnes, les océans, les vallées, les steppes, plus encore, les villes, les palais, les pierres, plus encore, le ciel, le vent de la montagne, les tempêtes, plus encore, la neige, plus encore, la nuit, les étoiles, le vent, toutes ces choses indifférentes et vides par elles-mêmes, se chargent d’une signification humaine dans la mesure où, sans que nous en prenions conscience, elles contiennent un pressentiment de l’amour. »
Un amour , 1964

« Alors reparut la grande peur que depuis tant d’années les gens avaient oubliée, cette sensation de perte imminente de tout ce qui faisait la vie. Et les choses ennuyeuses et misérables de l’existence quotidienne, le fait de se réveiller le matin dans son lit, la première cigarette, le tram, la vitrine illuminée, le travail à l’usine ou au bureau, la flânerie, le caprice de l’enfant, le cinéma en quatrième vision, les chaussures neuves, la loterie, le samedi soir, devinrent soudain le symbole de la félicité humaine – bien qu’existant toujours – parce que l’on comprenait que bientôt on allait les perdre à jamais. »
« L’Arme secrète », Le K , 1966