À travers ces articles, Kant défend les thèses de sa philosophie, les éclairant parfois pour répondre à certaines objections. Il poursuit également son exposé doctrinal en formulant des idées qui seront exposées en 1797 dans les Premiers principes métaphysiques de la doctrine du droit, à savoir la définition du droit, la faculté de contrainte, le contrat, les rapports du droit et de la vertu.
Dans cet opuscule, Kant combat le mépris courant que l’on a à l’égard de la théorie. Kant aborde ainsi la morale et la politique sous l’angle du rapport entre la théorie et la pratique. De plus, à cette époque, tout le monde parle de Révolution française. Dans cet opuscule, Kant prend parti en faveur d’un projet républicain de liberté et d’égalité.
Kant aborde les concepts de théorie et de pratique. Théorie au sens strict désigne toute connaissance empirique ou a priori et au sens général toute pensée. La pratique, au sens général, désigne toute forme d’action. Contrairement à l’expression courante « C’est bon en théorie mais non en pratique », la théorie oriente l’action et lui donne sens.
Kant prend la défense de la raison et de la pensée comme principes de l’action humaine. Il aborde ainsi différentes thématiques : la liberté, le bonheur, la justice, le droit, l’idée républicaine. La première partie traite de la morale. La seule action moralement bonne l’est dans sa forme. Agir par respect pour la loi morale, c’est faire son devoir pour lui-même, de façon désintéressée. La seconde partie est consacrée au vivre-ensemble et à la politique. L’homme ne peut se réaliser pleinement que dans la société. Mais pour Kant, le principe de la politique est moral : c’est la liberté.
Toute son argumentation tend à montrer que de ce principe découlent l’égalité et la citoyenneté. L’Idée Républicaine doit servir de principe à la politique. Dans la troisième partie, Kant s’intéresse aux relations internationales. Seul l’établissement d’une société des nations soumise à une législation internationale permettra à l’homme d’accéder à la paix et à l’ordre juridique et de surmonter sa sauvagerie originelle.
« La liberté en tant qu’homme, j’en exprime le principe pour la constitution d’une communauté dans la formule : personne ne peut me contraindre à être heureux d’une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autres hommes), mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu’il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun selon une loi universelle possible (autrement dit, à ce droit d’autrui). »