Disciple de Socrate, Platon a écrit de nombreux ouvrages philosophiques qui sont les témoignages directs de la pensée de son mentor. Il met en scène Socrate dans des dialogues. Ces « dialogues socratiques » suivent un même schéma : c’est un échange entre deux personnes, l’une questionne et l’autre répond. Ils échangent ainsi leurs opinions et arguments. Socrate, qui sait qu’il ne sait rien, joue l’ignorant et réfute les thèses de ses interlocuteurs en montrant que leurs arguments ne sont pas valables.
Le texte prend la forme d’un dialogue entre plusieurs personnages, notamment Socrate et Protagoras. Le dialogue débute par l’annonce de l’arrivée de Protagoras à Athènes. Hippocrate fait part à son ami Socrate de son souhait de s’inscrire au cours de pensée de Protagoras.
À travers le procédé de l’ironie, Socrate va réfuter les thèses de Protagoras.
Le thème principal est la question de l’enseignement de la sagesse et de la vertu. Pour Protagoras, cela s’apprend et s’enseigne, pour Socrate non. Pour lui, un philosophe n’est pas apte à enseigner, car seuls les sujets techniques (comme la médecine) sont enseignables. Protagoras prend l’exemple du châtiment d’un hors-la-loi qui va servir d’enseignement de ce qui est juste pour les autres citoyens.
Socrate soulève alors la question de la définition de la vertu. Pour lui, savoir et vertu sont liés, parce que le mal n’est pas commis volontairement, mais que celui qui commet le mal pense faire le bien. Celui qui a la connaissance du bien est donc vertueux. Protagoras pense que la vertu est une chose unique. Socrate lui démontre que la vertu peut revêtir plusieurs formes, celle de la sagesse, de la justice, de la tempérance, de la piété et du courage (à ne pas confondre avec la témérité).
Platon dénonce les sophistes, incarnés dans ce dialogue par Protagoras. Les sophistes sont des « spécialistes du savoir », professeurs d’éloquence en Grèce Antique. Pour Platon, faire payer la sagesse est la rabaisser. Les sophistes manipulent le langage, et préfèrent l’efficacité à la vérité. Platon dénonce donc ces personnages, même s’il adhère à certaines de leurs thèses, comme celle de Protagoras qui dit que « l’homme est la mesure de toute chose », c’est à dire que la vérité pour un homme dépendra toujours de sa perspective, de sa propre subjectivité. Il voit les choses à travers ses propres yeux.
« Si, en effet, la vertu était autre chose que la science, comme Protagoras a tâché de le prouver, il est clair qu’elle ne saurait être enseignée. Si au contraire elle se ramène exactement à la science, comme tu as à cœur de le prouver, Socrate, il serait bien extraordinaire qu’elle ne pût être enseignée. »