Kierkegaard est l’un des premiers auteurs existentialistes. Cette philosophie place au cœur de sa réflexion l’existence individuelle, et sa relation avec la liberté et les choix personnels. De confession chrétienne, Kierkegaard a une vision et une relation très particulière à la religion, qu’il voit comme un acte personnel. Il publie de nombreux ouvrages sous des pseudonymes différents, notamment Miettes Philosophiques qui rassemble ses réflexions autour de la question de la religion et de l’existence. Il publie ensuite en 1846 le Post-scriptum aux Miettes philosophiques, dans lequel il revient sur son œuvre et la complète.
Kierkegaard analyse la religion, et notamment la condition du croyant. Il se concentre sur les questions suivantes : peut-il y avoir une conscience éternelle basée sur un point de départ historique ? Peut-on fonder une félicité éternelle sur un savoir historique ?
L’ouvrage est un essai philosophique mais se transforme parfois en réflexion théologique. Il prend comme base et comme exemple les textes sacrés, pour convaincre du bien-fondé de la religion.
Il analyse la subjectivité et la foi. La foi n’est pas une connaissance, mais un acte de la liberté, une manifestation de la volonté. De quelle manière un individu peut-il croire en Dieu ? Il ne s’agit pas d’une décision rationnelle, car la foi transcende, va au delà de la raison. La foi est aussi au-delà du doute. Il propose au croyant de croire directement, sans perdre son temps à essayer de trouver des preuves et certitudes intellectuelles. La foi est un acte subjectif, un engagement de l’individu, parce qu’il affirme croire, malgré le manque de preuves. Il considère chaque être comme entièrement responsable de ses actes et de ses valeurs. Ainsi, croire est un choix.
Il souligne l’importance de la conscience, comme conscience au monde qui entoure l’individu, et conscience de son intériorité et de sa subjectivité. L’individu apporte forcément un regard subjectif, personnel et individuel sur une vérité objective. Il affirme que la subjectivité est vérité, et que la vérité est subjective. Par exemple, on sait objectivement ce qu’est la mort. Mais cette connaissance objective n’est pas essentielle. Ce qui importe, c’est que l’individu sache comment mener sa vie pour préparer sa mort, et donc suivre sa vérité subjective. Ainsi, la subjectivité est la base de la vie humaine. Toutes les vérités, notamment religions, doivent être subjectives pour être vraies pour l’individu.
« Aussitôt longtemps que je tiens [la preuve] (c’est-à-dire que je fournis ma démonstration), l’existence n’apparaît pas, ne serait-ce que parce que je suis en train de la prouver, mais, dès que je la lâche, l’existence est là. »