La vie aventureuse de Joseph Kessel l'a conduit aux quatre coins du monde et ses voyages ont souvent inspiré son œuvre littéraire. Après la Seconde Guerre mondiale, il voyage en Afrique et en tire la matière du Lion. Livre à part dans son œuvre puisque le récit est centré sur le monde de l'enfance et celui des animaux, il a connu un immense succès depuis sa parution et a été adapté au cinéma. L'intrigue, qui se déroule dans une réserve africaine, semble prendre place dans un univers hors du monde, loin des questions politiques et sociales, ce qui lui donne l'apparence d'un conte. Ce n'est pourtant pas le cas, et si Le Lion est souvent considéré aujourd'hui comme un livre pour la jeunesse, il n'en reste pas moins une œuvre littéraire puissante.
Patricia : Patricia a 10 ans et vit dans la réserve avec ses parents, Sybil et John. Très autonome et mature pour son âge, elle connaît la nature mieux que ses livres de classes, sait marcher sans faire de bruit dans la savane, parle tous les dialectes et connaît toutes les animaux. John Bullit : Le père de Patricia est le directeur de la réserve. Colon anglais d’une trentaine d’années, c’est une force de la nature, plein de vitalité. Sybil Bullit : La femme de John Bullit et mère de Patricia a reçu une très bonne éducation dans sa jeunesse en Europe et elle s’inquiète de voir sa fille vivre sauvagement et dangereusement. King : Ce lion est le grand ami de Patricia qui s’est occupée de lui lorsqu’il était petit. Ils se comprennent parfaitement et sont unis d’un amour profond. Oriounga : Jeune guerrier massaï, courageux et obstiné. Il est tombé amoureux de Patricia qu’il veut épouser. Le narrateur : On ignore son nom. Il voyage au Kenya.
Le monde animal : Le monde animal est le thème le plus apparent du livre. Le narrateur découvre, grâce à Patricia, toute la diversité de ce monde. Mais plus profondément, c’est l’idée d’une vie sauvage et la liberté qui est explorée ici. En effet, Patricia, l’héroïne, ne supportait plus la vie en ville, civilisée mais asservissante. Ce livre est donc un vrai hymne à la liberté. L’amitié : L’amour et l’amitié sont d’autant mieux approfondis que la profondeur de ces sentiments est mise en évidence grâce à des protagonistes inhabituels : une petite fille et un lion. En déplaçant le cadre classique des récits d’amour, Kessel met l’accent sur la spécificité de cette relation. Les différences : Le conflit entre le monde des adultes et celui des enfants, le monde des animaux et celui des hommes, le monde de la savane et celui de la ville est un autre grand thème du livre. Le narrateur ne prend pas parti : bien que venant du monde des adultes et se considérant comme civilisé, il apprend à voir les merveilles du monde de Patricia. Mais Patricia est déchirée entre ces deux univers irréconciliables, et elle sera brutalement contrainte de faire un choix.
L’histoire se déroule au pied du Kilimandjaro, dans une réserve d’animaux. Les premiers personnages à apparaître sont un très petit singe et une gazelle gracieuse. Le narrateur s’émerveille, puis découvre les autres créatures, animaux et hommes.
Parmi les hommes, il y a les Massaïs, tribu nomade ne possédant que des vaches.
Les autres humains vivent groupés autour de la famille de blancs composée de John Bullit, maître de la réserve, de sa femme Sybil et de leur fille de 10 ans, Patricia.
Le narrateur rencontre Patricia et apprend son histoire : elle a recueilli un lionceau abandonné, l’a nourri, entouré d’amour et aidé à grandir. Les parents de Patricia ont relâché le lion, appelé King, une fois celui-ci adulte. Mais Patricia et King sont des amis inséparables et continuent à se voir chaque jour en cachette. En effet, les parents de Patricia ont peur de cette relation avec un animal sauvage. Le narrateur assiste stupéfait aux scènes de jeu entre Patricia et King.
Une tribu massaï s’est installée dans la réserve et l’un de ses membres, un jeune homme, Oriounga, est tombé amoureux de Patricia. Il aimerait l’épouser mais il est encore morane, c’est-à-dire qu’il n’est pas encore considéré comme un homme. Il doit en effet passer par un rite d’initiation qui consiste en un combat à mort avec un lion.
Pour conquérir Patricia, Oriounga se bat avec King. Mais Patricia est du côté de son lion, qui finit par avoir le dessus et tue le jeune homme.
Le père de Patricia est obligé d’abattre le lion, puisque celui-ci a tué un humain. Patricia voit alors son seul ami se faire tuer par son père. Désespérée, elle décide de quitter la réserve et de rejoindre la pension de Nairobi où elle vivait auparavant. Elle part en compagnie du narrateur.
« La lune était haut dans le ciel quand nous atteignîmes, au centre de Parc Royal, une immense plage circulaire, brillante et lisse, qui avait été autrefois recouverte par les eaux d’un lac. La clarté nocturne faisait courir à sa surface un scintillement d’ondes argentées. Et dans ce mirage lunaire, qui s’étendait jusqu’à la muraille du Kilimandjaro, on voyait jouer les troupeaux sauvages attirés par la liberté de l’espace, la fraicheur de l’air et l’éclat du ciel. »« Personne au monde n’était aussi riche qu’eux, justement parce qu’ils ne possédaient rien et ne désiraient pas davantage. »« Pourtant je ne reconnus pas cette silhouette. Elle semblait sortir de la nuit des temps. Un grand bouclier tenu à bout de bras la précédait et, couronnant la tête aux reflets d’argile et de cuivre, flottait, à la hauteur du fer de lance, l’auréole royale des lions.
Armé, paré selon la coutume sans âge, Oriounga le morane venait pour l’épreuve – qui d’un masaï faisait un homme et pour gagner par elle Patricia.
Et plus ardent, plus brave, plus fort que les ancêtres, il venait seul. »« Le pire, voyez-vous, poursuivit Sybil, c’est le moment où l’on n’est plus porté par la colère ou déchiré par la pitié. C’est quand on est tranquille ou lucide. Parce que là, on voit qu’il n’y a rien à faire. »