Cocteau (1889-1963) considérait toute son œuvre comme de la poésie : poésie, poésie de roman, poésie de théâtre, poésie cinématographique… Il est un poète au sens étymologique du terme : « celui qui fait, qui crée ». Artiste moderne, avant-gardiste, il reste pourtant un adepte du classicisme. Ainsi, son théâtre utilise de façon moderne des mythes antiques dans Antigone, Orphée ou La Machine infernale.
Œdipe : Abandonné par ses parents, Jocaste et Laïos, il tue par accident un vieillard qui se révèlera être son père, et il épousera sa mère sans le savoir. Jocaste : Elle est la reine de Thèbes et deviendra la femme d’Œdipe après la mort de son mari Laïos. Le sphinx : Monstre à tête de femme et ailes d’oiseaux qui pose une énigme à ceux qui arrivent à Thèbes : s’ils ne trouvent pas la réponse, il les tue. Tirésias : Tirésias est un oracle, il prédit l’avenir. Antigone : Antigone est la fille d’Œdipe et de Jocaste.
La réécriture d’un mythe : Cocteau reprend le mythe d’Œdipe. Si on y retrouve les principaux éléments narratifs, l’auteur cependant le réécrit : Œdipe par exemple perd de sa grandeur et de son intelligence en se montrant naïf, superficiel et en recevant la solution de l’énigme du sphinx, au lieu de la trouver lui-même. La fatalité : La « machine infernale », c’est l’impitoyable logique du destin et la cruauté des dieux envers un Œdipe qui n’entend pas les signaux qui lui sont envoyés à travers les prédictions de Tirésias notamment. Ce thème de la fatalité est ce qui inscrit la pièce dans le genre de la tragédie. L’humour : L’humour fait l’originalité de cette tragédie. Cocteau s’amuse à démythifier la légende : il n’hésite pas à tourner en dérision les héros et à en rabaisser l’orgueil.
Œdipe n’a pas pu échapper à la prédiction selon laquelle il assassinerait son père Laïos. Après ce meurtre, il recherche le sphinx, jeune fille qui, près de Thèbes, tue ceux qui ne peuvent pas répondre à la devinette qu’elle leur pose. Quand Œdipe rencontre la jeune fille, celle-ci tombe amoureuse de lui et lui donne la clé de l’énigme. La deuxième partie de la prédiction, selon laquelle Œdipe va épouser sa mère, se réalise alors car la reine Jocaste étant promise au vainqueur du sphinx, Œdipe se marie avec la souveraine, sans savoir qu’elle est sa mère. Au bout de dix-sept ans de vie commune, la vérité éclate, « la machine infernale » explose : Œdipe, se rendant compte qu’il a tué son père et épousé sa mère, se crève les yeux, Jocaste se pend. À la fin de la pièce, Œdipe, aveugle, s’en va, accompagné du fantôme de sa mère et d’Antigone, leur fille.
Prologue « La Voix » annonce le destin d’Œdipe : « Il tuera son père. Il épousera sa mère. »
Acte I : Le Fantôme
Acte I : Le Fantôme
Deux gardes protègent la ville de Thèbes du sphinx, ce monstre mystérieux qui tue des jeunes gens dans les environs. Ceux-ci racontent avoir vu plusieurs fois un fantôme se présentant comme le roi Laïos et voulant avertir la reine Jocaste qu’elle est en danger.
Acte II : La rencontre d’Œdipe et du sphinx
Acte II : La rencontre d’Œdipe et du sphinx
Pendant ce temps, devant les portes de la ville, Œdipe rencontre le sphinx, une jeune fille lasse de tuer : elle tombe amoureuse de lui et, après avoir repris son apparence de monstre, lui révèle la solution de l’énigme pour lui éviter la mort. Vainqueur sans mérite du sphinx, il obtient la reine et la royauté promises en récompense.
Acte III : La nuit de noces
Acte III : La nuit de noces
Malgré les avertissements et les mauvais présages, Œdipe et Jocaste se marient. Mais lors de la nuit de noces, les jeunes mariés sont hantés par les tourments et les cauchemars.
Acte IV : Œdipe roi
Acte IV : Œdipe roi
Œdipe comprend qu’il a tué son père sans le savoir, et Jocaste qu’elle a épousé son fils : elle se donne la mort, il se crève les yeux et quitte Thèbes avec le fantôme de sa mère-épouse et leur fille Antigone.
« LA VOIX
Pour que les dieux s’amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut. »
Prologue
« LA VOIX
Regarde, spectateur, remontée à bloc, de telle sorte que le ressort se déroule avec lenteur tout le long d’une vie humaine, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l’anéantissement mathématique d’un mortel. »
Prologue
« TIRÉSIAS
Tu es le fils de Jocaste, ta femme, et de Laïus tué par toi au carrefour des trois routes. Inceste et parricide. »
Acte IV
« ŒDIPE
J’ai tué celui qu’il ne fallait pas. J’ai épousé celle qu’il ne fallait pas. J’ai perpétré ce qu’il ne fallait pas. La lumière est faite… »
Acte IV