Créée, sans doute, vers 1646, La jalousie du Barbouillé est une des premières compositions de Molière qui nous soit parvenue. Dans la tradition de la farce et de la commedia dell’arte, Molière compose une pièce en un acte qui annonce ses prochaines comédies, notamment Georges Dandin : un mari odieux et trompé, une jeune épouse rebelle, une servante complice de sa maîtresse, des situations burlesques…
Le Barbouillé : C’est le mari d’Angélique. Angélique est la femme du Barbouillé, mais elle est amoureuse de Valère. : Angélique est la femme du Barbouillé, mais elle est amoureuse de Valère. Valère : Valère est l’amant d’Angélique. Gorgibus : Gorgibus est le père d’Angélique, qui a arrangé son mariage avec Le Barbouillé. Le Docteur : Ce n’est pas un médecin mais un homme savant. Cathau : Cathau est la suivante d’Angélique.
Le mariage arrangé : Au cœur de la pièce se trouve le thème du mariage arrangé entre un mari rustre, porté sur la boisson et possessif, et une femme plus jeune, aspirant à des sentiments plus raffinés et à une plus grande liberté. Entre les deux époux mal assortis, on retrouve un père qui a mis ses propres intérêts, généralement liés à l’argent, avant ceux de sa fille. Le mari cocu : Du premier thème découle le second : la jeune femme, non satisfaite de ce mariage arrangé, prend un amant et recourt à mille ruses pour le retrouver discrètement, avec la complicité d’une servante aussi rebelle que sa maîtresse. La satire : « Castigat ridendo mores » (« Elle corrige les mœurs par le rire »), demandait déjà la comédie latine. Chez Molière, la satire a une portée sociale : ici elle se moque des barbons mal dégrossis à travers le personnage du Barbouillé, ainsi que des savants prétentieux à travers le personnage du trop bavard Docteur. Mais la satire, dans la farce, est avant tout mise au service du comique.
Angélique et Le Barbouillé sont mariés, mais ne sont pas heureux ensemble. Tous deux se disputent sans cesse.
Exposition (scènes I et II)
Exposition (scènes I et II)
Le Barbouillé se plaint de sa femme Angélique et cherche conseil auprès du Docteur pour trouver un moyen de la punir. Ce dernier parle beaucoup mais ne répond pas du tout à sa demande.
Péripéties (scènes III à VI)
Péripéties (scènes III à VI)
Angélique se plaint de son mari auprès de son amant Valère. Ils sont surpris par Le Barbouillé. Une dispute éclate, dans laquelle interviennent notamment le Docteur et le père de la jeune femme, Gorgibus.
Dénouement (scènes VII à XIII)
Dénouement (scènes VII à XIII)
Alors que la jeune femme revient d’un bal où elle espérait retrouver son amant Valère, elle trouve porte close et se dispute une nouvelle fois avec son mari. Elle réussit à le faire sortir de la maison en feignant de se donner la mort avec un couteau. Elle se glisse alors dans la maison et s’enferme à son tour. Le père d’Angélique intervient : sa fille lui fait croire qu’elle ne veut pas ouvrir la porte au Barbouillé parce qu’il est rentré saoul. Gorgibus invite les deux époux à faire la paix.
« LE BARBOUILLÉ :
J’ai une femme qui me fait enrager : au lieu de me donner du soulagement et de faire les choses à mon souhait, elle me fait donner au diable vingt fois le jour ; au lieu de se tenir à la maison, elle aime la promenade, la bonne chère, et fréquente je ne sais quelle sorte de gens. »
Scène I
« ANGÉLIQUE :
Mon mari est si mal bâti, si débauché, si ivrogne, que ce m’est un supplice d’être avec lui, et je vous laisse à penser quelle satisfaction on peut avoir d’un rustre comme lui. »
Scène III
« ANGÉLIQUE :
Voyez-vous bien là mon gros coquin, mon sac à vin de mari ?
LE DOCTEUR :
Doucement, s’il vous plaît : parlez avec respect de votre époux, quand vous êtes devant la moustache d’un docteur comme moi.
ANGÉLIQUE :
Ah ! vraiment oui, docteur ! Je me moque bien de vous et de votre doctrine, et je suis docteur quand je veux. »
Scène VI
« LE DOCTEUR :
Il faut avouer, Monsieur Gorgibus, que c’est une belle qualité que de dire les choses en peu de paroles, et que les grands Parleurs, au lieu de se faire écouter, se rendent le plus souvent si importuns, qu’on ne les entend point. »
Scène VI