Cet ouvrage est publié à titre posthume. Wittgenstein s’y consacra de 1936 à 1949. Il est publié deux ans après sa mort. Avec cet ouvrage, il rompt avec son premier chef-d’œuvre, le Tractatus logico-philosophicus. Selon lui, la plupart des problèmes de philosophie proviennent de l’incapacité des philosophes à comprendre les règles du langage. Cet ouvrage marque un tournant dans ce qu’on appelle communément « la seconde philosophie » de Wittgenstein. Il s’aperçoit en effet que le langage possède d’innombrables et diverses sortes d’utilisation. Wittgenstein insiste ainsi sur la dimension non linguistique du langage, en le présentant comme un éventail de jeux dont chacun possède ses propres pièces.
Les Investigations proposent une théorie flexible du langage culminant dans la proposition : « Toute une nuée de philosophie se condense en une gouttelette de théorie du langage ». Wittgenstein part de la description de situations dans lesquelles se trouvent utilisées certaines expressions du langage. Il s’intéresse de manière concrète au fonctionnement des jeux de langage : faire une plaisanterie, commander et agir d’après des commandements, traduire d’une langue dans une autre…
Cette notion de « jeu de langage » est capitale, car parler est, selon Wittgenstein, « une forme de vie », c’est-à-dire que le langage s’insère dans un système total et global de communication. Mais Wittgenstein n’élabore pas une simple théorie du langage, il s’intéresse aux problèmes philosophiques généraux qui résultent d’une incompréhension du fonctionnement de notre langue. La philosophie est-elle aussi une activité, elle ne doit pas être une fin en soi, elle n’est en rien une doctrine. En cela, Wittgenstein conçoit la philosophie de manière instrumentalisée, à la façon d’un outil. C’est donc la tâche de la philosophie de décrire la grammaire de nos jeux de langage.
« La philosophie est une lutte contre l’ensorcellement de notre entendement par les moyens de notre langage. Son but est de montrer à la mouche l’issue par où s’échapper de la bouteille à mouches ».