Ce texte paraît d’abord sous forme d’articles, en 1784, avant de prendre la forme d’un livre partagé en neuf propositions. Le monde est alors en plein changement, notamment politiquement, avec la Révolution française, ou encore avec la guerre d’indépendance des États-Unis, mais aussi géographiquement, avec la découverte de nouvelles terres inexplorées par les occidentaux. Kant s’inscrit comme penseur de tous ces changements et fait donc parti des Lumières. Il cherche dans cette œuvre à trouver un point de vue global de l’Histoire humaine, pour voir s’il est possible de trouver une logique dans le déroulement historique ou alors si l’Histoire n’est qu’une succession sans logique d’évènements. La problématique de Kant est de savoir si l’histoire a un sens. L’enjeu est important, car si on décèle une possible évolution générale de l’Histoire, cela signifie que l’espèce humaine progresse vers un but.
Kant commence son écrit en montrant les difficultés devant lesquelles on se trouve quand on essaye de comprendre l’Histoire comme une totalité. En ce sens, il pense qu’on peut envisager une évolution dans l’Histoire si on se place du point de vue de la Nature et non de l’homme. Dès lors, la Nature aurait un plan, qui amènerait au progrès de l’homme malgré lui et sans qu’il s’en rende compte. On peut donc imaginer que l’Histoire amène alors l’homme à se réaliser lui-même par la prise de conscience pleine et entière de sa nature. Kant place donc la nature humaine comme grille de compréhension de l’Histoire. Ainsi, l’homme, parce qu’il n’a pas été doté de capacités physiques exceptionnelles, doit se perfectionner, d’abord pour survivre (en inventant la technique), et ensuite pour se développer. Il y a une continuité des générations : chaque génération transmet à la suivante de nouvelles techniques en espérant leur perfectionnement. Cette idée que la Nature préside l’Histoire montre aussi que les guerres entre les hommes ne sont que des étapes vers la paix : les États seront nécessairement amenés à négocier pour éviter des conflits qui coûtent de plus en plus cher. L’auteur propose donc un modèle de contrat d’association qui se veut cosmopolitique. Il montre ensuite que l’homme est meilleur en société car ses talents sont disciplinés et la compétition avec ses semblables l’amène à se dépasser. Il insiste ensuite sur la nécessité de légiférer en tendant vers une unification politique totale.
« Le moyen dont se sert la nature, pour mener à terme le développement de toutes les dispositions humaines est leur antagonisme dans la société, jusqu’à ce que celui-ci finisse pourtant par devenir la cause d’un ordre conforme à la loi. »