Fiche de lecture
Hippolyte, Euripide
Contexte
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Attention

Il existe deux éditions d’Hippolyte. La première date de 1842 (traduction de Nicolas Artaud), tandis que la seconde date de 1884 (traduction de Charles Leconte de Lisle). Des différences subtiles existent d’une édition à une autre, il faut donc préciser que cette fiche de lecture s’appuie sur la traduction de 1842.

La mythologie gréco-romaine est un domaine particulièrement favorable à l’écriture de nombreuses pièces de théâtre. Elle constitue également un pilier de la culture occidentale ainsi que de la littérature, riche de nombreuses légendes et exploits. Le mythe de Phèdre a notamment inspiré des écrivains comme Sénèque, Robert Garnier, Racine, Rameau et Sigward.
La pièce Hippolyte a été écrite par Euripide au cœur du siècle de Périclès (de –500 à – 401 av. J.-C.). Durant cette période antique, la ville d’Athènes est à son apogée : les domaines de la réflexion intellectuelle, de l’économie, de l’art et de l’armée sont en pleine expansion (ou croissance).

Personnages

Phèdre : Il s’agit de la fille de Minos (roi de Crète) et de Pasiphaé. Elle est aussi la femme de Thésée. Phèdre a pour signification « la brillante ». La culpabilité du mensonge qu’elle a proféré sera plus forte que tout. Elle fera le choix irréversible de se pendre.
La nourrice de Phèdre : Elle essaie de détourner Phèdre de son amour pour Hippolyte, mais n’y parvient malheureusement pas. Elle est parfaitement consciente que l’amour a ses limites et qu’il n’engendre pas seulement des moments de joie : c’est précisément ce qu’elle essaie de faire comprendre à Phèdre, qui n’a d’yeux que pour Hippolyte.
Hippolyte : Il est le fils de Thésée (roi d’Athènes) et d’Antiopé. Hippolyte signifie « celui qui libère les chevaux ». Il connaîtra un destin tragique malgré ses nombreux efforts pour convaincre son père qu’il n’a pas abusé de Phèdre, preuve que l’amour peut être destructeur.
Thésée : Il est le fils d’Égée et d’Aéthra et le père d’Hippolyte. Pensant accabler son fils pour avoir commis un acte d’une cruauté sans nom, il le fait passer de vie à trépas à la suite d’un mensonge déloyal de sa femme Phèdre. Une fois la calomnie révélée et pour se faire pardonner, il offrira une sépulture à son fils.
Le Chœur, composé de femmes de Trézène : Il fait partie de la pièce au même titre que les autres personnages et dispose donc d’un rôle important. Les femmes qui constituent le Chœur viennent de Trézène, une cité grecque ancienne. Le Chœur a pour principale fonction de conter des événements importants, parfois en accompagnant les narrations de danses.
Diane : Souvent assimilée à Artémis, Diane est la fille de Jupiter et de Latone. Elle est la déesse de la chasse et de la chasteté mais surtout de la lumière lunaire. Le fait que ce soit elle qui révèle la vérité dans la pièce n’est peut-être pas anodin : d’un point de vue métaphorique, elle apporte sa lumière sur toute cette affaire tragique.
Vénus : Régulièrement assimilée à Aphrodite, Vénus est la fille de Jupiter et de Dioné. Elle incarne la déesse de l’amour, de la beauté et de la féminité. Autrefois, elle était considérée comme la déesse romaine de la végétation.
Un messager : Le messager joue un rôle-clef au sein de la tragédie. Dans une grande majorité de pièces antiques, il narre des événements dont il a été témoin, et ce sous forme de longues tirades. Il s’agit souvent d’événements importants, piliers de la pièce comme par exemple des faits tragiques ou encore des exploits dignes d’être racontés avec un grand nombre de détails.
Un serviteur : Le serviteur correspond approximativement à ce que nous appellerions de nos jours un domestique, s’occupant ainsi des corvées liées à l’habitat. Il propose aussi de nombreux services à son « maître ».
Suivants d’Hippolyte : null

Thèmes

L’amour : L’amour se manifeste dans la pièce sous un angle négatif. Les effets qu’il dégage et les conséquences qu’il entraîne sont dévastateurs et même dramatiques. C’est par amour pour Hippolyte que Phèdre est dévastée de chagrin. Percevant le désintérêt de son bien-aimé pour elle, elle l’accusera d’un acte ignoble - le viol - qui conduira Hippolyte directement à sa perte.
D’un point de vue littéraire, Phèdre devient un symbole phare de l’amour dans ce qu’il a de plus destructeur et de plus tragique.
La mort : La mort se fait voir à deux reprises dans la pièce. Phèdre se suicide à la suite des terribles événements et Hippolyte se fait tuer par une créature marine, selon le vœu de son père.
Le genre tragique de la pièce n’échappe ainsi pas au lecteur d’autant plus qu’Hippolyte, un des personnages principaux de l’œuvre, meurt à cause d’un grave mensonge.
Le destin : Le destin représente pour Phèdre une sorte de fatalité à laquelle elle ne peut malheureusement pas échapper, envers et contre tout. On peut rappeler le mythe d’Œdipe, où le protagoniste remue ciel et terre pour échapper à son destin : c’est sur la route qu’il emprunte pour échapper à l’Oracle (et à des prédictions funestes) que son destin s’accomplit.
La calomnie : La calomnie est ici synonyme de grande vengeance et naît dans la pièce sous le seul prétexte qu’Hippolyte ne rend pas son amour pour Phèdre. En guise de représailles, elle décide de lancer cette accusation de viol à l’encontre de l’homme qu’elle aime, preuve que l’amour mène à des chemins bien tortueux.

Résumé

Un amour inconditionnel

Phèdre apparaît exaltée, euphorique, dans un état physique qui laisserait probablement à penser qu’elle souffre d’une fièvre délirante. Elle souhaite fortement se retrouver au plus près de la nature, en présence d’animaux et de beaux paysages.
Elle révèle plus tard à sa nourrice qu’elle est amoureuse d’Hippolyte, bien qu’elle ait pour mari Thésée. La nourrice essaie vainement de lui ôter le jeune homme de ses pensées.

Une dénonciation aux conséquences dramatiques

La nourrice se plaint à outrance des effets néfastes que peut avoir l’amour sur la santé. Phèdre, toujours éperdue d’amour envers Hippolyte, décide de se vêtir de la tête aux pieds en habits de chasse afin de le séduire. Cette tentative se révélant finalement vaine, la nourrice et elle font pleuvoir de graves accusations à l’encontre d’Hippolyte, dont la plus grave est celle de viol. Le Chœur communique ensuite une nouvelle très importante, à savoir que Thésée est revenu des Enfers.

Une découverte accablante révélant un corps sans âme et une grave accusation

Phèdre préfère mourir plutôt que d’avoir à avouer à Thésée les prétendues violences d’Hippolyte envers elle, raison pour laquelle elle décide de s’ôter la vie. Thésée la découvre sans vie, tenant entre ses mains une tablette sur laquelle le viol d’Hippolyte est inscrit. Thésée veut que son fils soit châtié pour ce péché.

Une terrible sanction envers Hippolyte, victime de l’amour de Phèdre

Les vœux de Thésée ont été exaucés puisque son fils Hippolyte a été torturé et tué par une créature marine. Le Chœur émet des lamentations concernant l’injustice des dieux et pleure la mort d’Hippolyte.

Une révélation trop tardive

Diane répare la cruelle injustice subie par Hippolyte en révélant qu’il n’a pas agressé sexuellement Phèdre. Thésée regrette amèrement le châtiment infligé à son fils et lui offre une belle sépulture.

Citation

« PHÈDRE :
Malheureuse, qu’ai-je fait ? où ai-je laissé s’égarer ma raison ? je suis en proie au délire, un dieu malveillant m’y a plongée. Infortunée que je suis ! Chère nourrice, remets ce voile sur ma tête ; j’ai honte de ce que j’ai dit. Cache-moi ; des larmes s’échappent de mes yeux, et mon visage se couvre de honte. Le retour de ma raison est pour moi un supplice : le délire est un malheur sans doute ; mais il vaut mieux périr sans connaître son mal ».

Hippolyte, traduction de Nicolas Artaud, 1842, page 288


« PHÈDRE :
Qu’est-ce donc que l’on appelle aimer ? »

LA NOURRICE :
C’est à la fois, ma fille, ce qu’il y a de plus doux et de plus cruel. »

Hippolyte, traduction de Nicolas Artaud, 1842, page 294


« THÉSÉE :
Hélas ! pourquoi les hommes n’ont-ils aucun signe certain pour connaître les cœurs et distinguer les vrais amis ? Il faudrait du moins que tous eussent deux voix, dont l’une, sincère, servît à démentir les impostures de l’autre, et pût nous garantir des artifices des méchants. »

Hippolyte, traduction de Nicolas Artaud, 1842, pages 315 et 316


« HIPPOLYTE :
Hélas ! pourquoi la race des mortels ne peut-elle aussi maudire les dieux ? »

Hippolyte, traduction de Nicolas Artaud, 1842, page 332