Crédit photo : Gérard Ducher, 2007
- En 1954 débute la guerre d’Algérie. Mais face à un conflit qui s’envenime, les gouvernements successifs n’arrivent pas à apporter une réponse adéquate au mouvement de décolonisation qui s’est engagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1958, de Gaulle revient au pouvoir, proposant une certaine autonomie algérienne, mais sans approuver toutefois l’indépendance.
- Si la guerre peut trouver une issue militaire favorable pour la France, la finalité politique ne paraît pas viable. Les Algériens militent activement pour obtenir leur indépendance et la population française accepte cette idée, en témoignent les manifestations, les porteurs de valises de faux papiers, ou encore l’engagement d’intellectuels (Manifeste des 121) comme Sartre.
- Suite à l’échec du putsch d’Alger d’avril 1961, des activistes partisans de l’Algérie française fondent l’Organisation Armée Secrète (OAS) : elle a pour principal but de renverser de Gaulle et de combattre le FLN, en utilisant des méthodes d’attentats. L’OAS intensifie ses actions à partir de la fin 1961 : le 7 février 1962, dix attentats sont commis par l’Organisation, dont l’un vise André Malraux, ministre de la Culture.
Les partis politiques de la gauche (dont le PCF et le PSU) et les syndicats (CGT et CFTC) appellent à manifester le 8 février en fin de journée pour protester contre les attentats et les opérations de l’armée française en Algérie, bien que les manifestations soient interdites. À 18 h 30, plus de 2 000 personnes se retrouvent à Bastille pour dénoncer les actions de l’OAS : les rapports avec la police sont tendus. Une heure plus tard, les organisateurs appellent à la dispersion : une partie du cortège se retrouve bloqué par les forces de l’ordre à l’entrée du métro Charonne. Une bousculade entraîne la chute de manifestants, qui reçoivent notamment des grilles d’arbres jetées par la police : huit personnes trouvent la mort, dont 3 femmes et un garçon de 15 ans. Une grande partie des victimes est adhérente à la CGT et au PCF.
- Les obsèques des victimes se tiennent le 13 février 1962 : une foule impressionnante vient saluer une dernière fois les victimes et se recueillir. L’opinion française est profondément marquée par l’extrême violence de la répression policière.
- Une controverse éclate sur la responsabilité gouvernementale du massacre : si le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, dénonce d’abord l’agissement violent des militants cégétistes et communistes durant la manifestation, un document atteste que l’OAS est venue agiter la manifestation pour déclencher des débordements.
- Si l’OAS souhaitait au préalable provoquer le PCF, ses ambitions se soldent par un échec : les organisations de la gauche vont se retrouver plus proche encore suite à l’épisode meurtrier du métro Charonne, et la date du 8 février 1962 reste importante dans la mémoire politique socialiste et communiste.