Crédit image : Artiste inconnu, entre 1789 et 1791
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Suite à l’échec des états généraux convoqués par le roi Louis XVI en mai 1789, l’Assemblée constituante jure de ne pas se séparer avant la rédaction d’une constitution (Serment du jeu de Paume, 20 juin 1789). Dans l’enthousiasme général, ils proclament l’abolition des droits féodaux et des privilèges (4 août 1789) et préparent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. La révolution est en place. En effet, le peuple affamé suite à une série de disettes se révolte contre le pouvoir incapable de le nourrir et ébranle la monarchie. Aussi, lorsqu’un banquet est offert au régiment rentré des Flandres à l’opéra royal de Versailles, le 1er octobre 1789, le peuple exsangue se soulève, et, le 4, une foule s’amasse dans les jardins du Palais Royal.
Le 5 octobre 1789, plusieurs milliers de femmes se dirigent vers Versailles pour réclamer du pain au roi. Le premier cortège s’introduit dans l’Assemblée et demande à être conduit auprès du roi, escorté par le commandant de la garde royale La Fayette et 15 000 gardes Si l’entrevue entre le souverain et Marie-Louise Chabry, la porte-parole du groupe, se déroule dans le calme, le second groupe de femmes arrive, plus véhément La Fayette rétablit l’ordre puis rentre se coucher, ce qui lui vaut le surnom de « Général Morphée ». Sous la pression du peuple français et de Jean-Joseph Mounier, Louis XVI ratifie la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, le 5 octobre 1789. Le ministre Jacques Necker conseille au roi de ne pas disperser les émeutiers. Pendant que la monarchie dort, le peuple veille et s’échauffe. Le lendemain, ils franchissent les grilles, deux gardes sont tués. C’est l’émeute. Le peuple pénètre dans le château, Marie-Antoinette a à peine le temps de fuir par une porte dérobée. La Fayette accourt, fait régner le calme et conseille au roi d’apparaître au balcon pour apaiser la foule. Cette dernière lui réclame de venir à Paris, ce qu’il ne peut décemment refuser. L’Assemblée se réunit alors et, sur l’insistance des députés Barnave et Mirabeau, convainc Mounier que cette dernière suive le roi à Paris, l’assemblée étant indissociable du pouvoir. C’est ainsi qu’une foule chargée de pains, de blé, composée de plus de 30 000 personnes rentre à Paris triomphante, ramenant la famille royale surnommée ironiquement « le boulanger, sa femme et le petit mitron » aux Tuileries.
Désormais à Paris, le roi est à la merci du peuple. La déclaration qu’il vient de ratifier met définitivement un terme aux principes de l’Ancien Régime basés sur la naissance. Elle pose, en outre les premiers fondements d’une nouvelle société basée sur le droit et l’égalité de chaque homme comme l’indique son premier article, le plus célèbre : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Ces journées d’octobre qui arrachent le monarque à Versailles marquent le début de la lente agonie de la monarchie, qui sera définitivement abolie lorsque les Sans-Culottes viendront chercher Louis XVI et la famille royale aux Tuileries, le 10 août 1792, pour les emprisonner.