Crédit photo : Les négociateurs de paix allemands lors du traité de Versailles, auteur inconnu, 1919
©Bundesarchiv, Bild 183-R11112 / Inconnu / CC-BY-SA 3.0
Le premier conflit mondial oppose la Triple Alliance, composé de l’Empire allemand, de l’Empire austro-hongrois et de l’Italie, à la Triple Entente (France, Grande-Bretagne, Russie ralliées par l’Italie et États-Unis). Cette guerre s’enlise dans les tranchées, laissant les nations exsangues, en particulier l’Allemagne. En effet, touché par une crise économique majeure, l’empire de Guillaume II est également décimé par les pénuries. Pour autant, n’ayant pas combattu sur son territoire, la population allemande pense sortir victorieuse de ce conflit.
En juillet 1918, les Allemands lancent une dernière offensive, la seconde bataille de la Marne. Mais la contre-attaque de Villers-Cotterêts puis la bataille du 8 août 1918 ne laissent plus de doute quant à l’issue du combat. Le 9 novembre, contraint par la foule et le nouveau chancelier, le prince Max de Bade, le kaiser Guillaume abdique. Redoutant une révolution, Philipp Scheidemann, leader social-démocrate SPD proclame la naissance de la République au balcon du Reichstag, suivi par Karl Liebknecht du parti social-démocrate indépendant (USPD). C’est donc la jeune République de Weimar, avec le civil Matthias Erzberger, qui signe l’armistice au cœur de la forêt de Compiègne, non loin de Rethondes, le 11 novembre 1918.
La défaite n’est pas comprise par la population qui se soulève. La théorie du « coup de poignard dans le dos » est répandue par les hauts dignitaires allemands, tels Paul von Hindenburg ou Erich Ludendorff, pour disculper l’armée allemande de son échec. C’est dans ce climat d’impopularité que naît la République de Weimar, officiellement votée lors d’une assemblée constituante le 19 janvier 1919, peu de temps après la semaine sanglante de janvier. Friedrich Ebert en est le président, Scheidemann dirige le premier gouvernement. Pour le peuple allemand, c’est ce nouveau régime qui est responsable du « traité de la honte », signé à Versailles le 28 juin 1919 par Gustav Bauer, le nouveau chancelier. Un vent révolutionnaire, venu de Russie, souffle. Dès sa création, le KPD, premier parti communiste d’Allemagne, multiplie les manifestations et autres conseils ouvriers tandis que les corps-francs (milices) et l’armée (en particulier Walther von Lüttwitz et Gustav Noske), emploient la violence pour réprimer les émeutes. La République de Weimar reste marquée par l’instabilité politique (Noël sanglant, révolte des spartakistes, putsch de Kapp, soulèvement de la Ruhr, putsch de la brasserie de Munich, etc.), la misère économique (hyperinflation), et surtout par une impopularité dont elle ne se démarquera jamais.
Née de la défaite, la République de Weimar se retrouve, dès sa naissance, tiraillée entre les révoltes ouvrières d’extrême gauche et la montée du nationalisme, son inconsistance favorisant la bipolarisation droite/gauche. Condamnée avant même d’avoir vécu, elle ne pouvait que faire le lit des extrêmes et favoriser la venue d’un pouvoir fort, dictatorial. Elle sera renversée par Adolf Hitler, le 15 mars 1933, avec la création du IIIe Reich.