La France a toujours eu des ambitions sur les royaumes d’Italie. Petit-fils de Valentine Visconti, duchesse de Milan, le roi Louis XII légitime ainsi son annexion du duché de Milan en 1499 et celle de Naples en 1501, par son ascendance. C’est pourquoi le pape Jules II rompt son alliance avec le roi et crée la Sainte Ligue (Espagne, Saint Empire, Angleterre et Venise) en 1511 pour chasser Louis XII hors des territoires. Aussi, à la mort de ce dernier, la venue sur le trône de France d’un jeune monarque de 20 ans est-elle bien accueillie par la Ligue, sous-estimant que celui-ci a les mêmes vues que feu son beau-père le roi.
C’est donc plein de témérité que le jeune François 1er franchit les Alpes par le col de l’Argentière. Impraticable par des canons, ce passage est dégagé notamment à l’aide d’explosifs. L’arrivée soudaine du roi de France en Italie surprend les alliés du duché de Milan Maximilien Sforza que sont l’empereur Maximilien de Habsbourg, les confédérés suisses – mercenaires à la solde du Saint Empire Romain Germanique – le cardinal Sion, qui soutient les Suisses, et le pape Léon X. Et si François 1er pense pouvoir négocier sans combattre – n’a-t-il pas payé des piquiers (fantassins) suisses afin qu’ils repartent sans livrer bataille –, le 13 septembre au matin les soldats de l’Alliance se jettent sur les Français. L’affrontement a lieu à Marignan, dans la plaine du Pô. L’armée française se compose d’environ 30-40 000 hommes (dont les chevaliers Bayard, La Palice, le sénéchal d’Armagnac, Louis II de La Trémoille, Charles III de Bourbon et le duc d’Alençon) dont la moitié sont des lansquenets (mercenaires, très souvent allemands, à la solde du plus offrant), contre 20 000 Suisses réputés invincibles. Si le premier jour s’achève dans la confusion la plus totale, le deuxième jour voit l’avantage tourner du côté du jeune monarque grâce à l’intervention des Vénitiens, emmenés par leur chef de guerre Barthélemy d’Alviano, qui soutiennent les Français. Cet affrontement marque la première victoire de François 1er. L’artillerie, dans cette bataille, est utilisée à outrance deux jours durant par les Français, ce qui a pris par surprise les Confédérés qui ont perdu 8 000 hommes.
La victoire de Marignan entraîne la signature du concordat de Bologne en 1516, qui nomme François 1er « Fils aîné de l’Église » et reconnaît notamment l’autorité française, sur Rome, quant à la nomination des hommes d’Église sur son territoire. Par la signature de la paix perpétuelle de Fribourg (1516), la Suisse s’engage notamment à abandonner le duché de Milan, ne jamais plus entrer en conflit avec la France. En outre, la bataille de Marignan signe une nouvelle stratégie militaire grâce à l’emploi appuyé de l’artillerie, faisant entrer l’art de la guerre dans la modernité. Elle est également la première victoire décisive du monarque et l’auréole de gloire. L’histoire raconte qu’il fut d’ailleurs adoubé à Marignan même par l’illustre chevalier Bayard… Légende inventée sur le tard, sans doute pour masquer la défaite française de Pavie qui eut lieu dix ans plus tard (1525). Quoiqu’il en soit, la bataille de Marignan rend à la France toute son importance politique au niveau international, lui confirmant notamment la légitimité du roi de France sur la possession de la Lombardie.