Un poème en prose ne respecte pas le retour à la ligne du vers et se présente sous la forme de simples paragraphes. Il n’y a pas de rimes sinon des jeux de sonorités, de rythmes et de figures de style. C’est en cela qu’il se distingue d’un texte « normal » :
« Il était nuit. Ce furent d’abord, – ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, – une abbaye aux murailles lézardées par la lune, – une forêt percée de sentiers tortueux, – et le Morimont grouillant de capes et de chapeaux. Ce furent ensuite, – ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, – le glas funèbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule, – des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée, – et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnaient un criminel au supplice. »
Aloysius Bertrand, « Un rêve », Gaspard de la Nuit, 1842
Ce type de poème a été popularisé par Aloysius Bertrand puis par Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud au XIXesiècle.