Les contes étiologiques ou contes des origines
Les contes étiologiques
Les contes étiologiques
Conte étiologique :
Les contes étiologiques, appelés aussi contes du pourquoi ou contes des origines expliquent l’origine d’un phénomène naturel, la particularité d’un animal ou le comportement humain d’une façon imaginaire et amusante.
Ce sont des contes explicatifs.
Voici des exemples de titres de contes étiologiques :
Pourquoi l’eau de la mer est devenue salée.
Pourquoi la girafe a un long cou ?
Comment chameau eut sa bosse.
Histoires comme ça est un recueil de contes de Rudyard Kipling.
Rudyard Kipling est un écrivain anglais du XXe siècle, il est l’auteur du Livre de la jungle.
Photographie de Rudyard Kipling, vers 1899
Il a beaucoup écrit et a reçu le Prix Nobel de littérature en 1907.
Rudyard Kipling a écrit ces contes pour sa fille Joséphine, qui est morte à l’âge de 8 ans. Tout au long du texte, l’auteur parle à sa fille, comme s’il lui racontait l’histoire. Il s’adresse à elle avec les mots : « ô ma Mieux-Aimée ».
Dans Histoires comme ça, le lecteur peut comprendre l’amour de l’auteur pour les animaux.
« L’Enfant Éléphant » est un conte extrait de Histoires comme ça. Nous utiliserons des extraits pour comprendre la structure d’un conte étiologique.
Le début ou situation initiale
Le début ou situation initiale
« Dans les Temps Anciens et Reculés, ô ma Mieux-Aimée, l’éléphant n’avait pas de trompe. Il n’avait qu’un petit bout de nez brun bombé de la taille d’une botte, qu’il balançait bien de droite et de gauche, mais avec quoi il ne pouvait rien ramasser. »
La situation initiale est posée : elle décrit une situation qui existait avant que le changement arrive. Elle présente les lieux, le personnage principal et le moment où cela se passe : il y a très longtemps.
Le début de l’histoire présente des choses qui existaient autrefois et qui n’existent plus maintenant.
L’éléphant n’a pas de trompe, juste un petit bout de nez. Le lieu n’est pas précisé mais on peut penser que l’histoire se passe en Afrique.
Le texte situe l’histoire « dans les temps très anciens et reculés ».
L’élément déclencheur
L’élément déclencheur
L’élément déclencheur entraîne une aventure qui va entraîner le changement.
« Or, il y avait un éléphant, un nouvel éléphant, un Enfant d’Éléphant, plein d’une insatiable curiosité, ce qui fait qu’il posait toujours un tas de questions. Avec ça, il vivait en Afrique et il remplissait toute l’Afrique de son insatiable curiosité […]. Il posait des questions à propos de tout ce qu’il voyait, entendait, éprouvait, sentait ou touchait et tous ses oncles et ses tantes lui donnaient la fessée. Et il demeurait malgré tout plein d’une insatiable curiosité ! »
L’élément déclencheur est la curiosité de l’Enfant Éléphant. Rudyard Kipling s’amuse et rend hommage à la curiosité des enfants qui veulent tout savoir et posent toujours des questions.
Dans ce texte, tous les personnages sont des animaux. Et l’Enfant Éléphant leur pose des questions sur eux-mêmes et sur tout : mais à chaque fois, il prend une fessée.
L’Enfant Éléphant est d’une insatiable curiosité, c’est-à-dire qu’il s’intéresse à tout, il a envie de tout savoir.
L’Enfant Éléphant pose une nouvelle question : « Que mange le Crocodile pour son dîner ? » À nouveau, il prend la fessée de toute la « famille ». Puis un personnage va lui venir en aide, l’oiseau Kolokolo, qui lui indique le chemin pour trouver le Crocodile.
L’Enfant Éléphant rencontre l’oiseau Kolokolo
C’est une situation que l’on retrouve souvent dans les contes traditionnels : le héros reçoit une aide, parfois de la magie, parfois un personnage.
Et à la fin de cette partie, l’Enfant Éléphant pose la patte sur une bûche qui est en réalité le Crocodile, qu’il n’a jamais vu. Il ne sait pas à quoi il ressemble.
« Il posât la patte sur ce qu’il prit pour une bûche, juste au bord du grand Fleuve Limpopo aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordé d’arbres à fièvre. Mais il s’agissait en réalité du Crocodile, ô ma Mieux-Aimée, et le Crocodile cligna de l’œil, comme ceci ! »
Le dénouement
Le dénouement
— ‘Scusez-moi, dit L’Enfant Éléphant très poliment, mais vous n’auriez pas vu un Crocodile dans ces parages hétérogènes ?
[…]
— Approche, Petit, dit le Crocodile, car c’est moi le Crocodile.
Et pour le prouver il se mit à verser des larmes de Crocodile. L’Enfant Éléphant en eut le souffle coupé, il s’agenouilla sur la rive, haletant, et dit :
— Vous êtes la personne que je cherche depuis si longtemps. Voudriez-vous me dire, s’il vous plaît, ce que vous mangez au dîner ?
— Approche, Petit, dit le Crocodile. Je vais te le souffler à l’oreille.
Alors l’Enfant Éléphant approcha sa tête près de la gueule qui-mord-qui-tue du Crocodile, et celui-ci le saisit par son petit nez qui jusqu’à cette semaine, ce jour, cette heure, cette minute, n’était pas plus grand qu’une botte, mais bien plus utile.
— Je pense, dit le Crocodile, et il le dit entre ses dents, comme ceci, je pense que je commencerai aujourd’hui par de l’Enfant d’Éléphant. […]
Alors l’Enfant Éléphant s’assit sur ses petites hanches et il tira, tira, tira, tant et si bien que son nez commença à s’allonger. […] et il dit en parlant du nez, qui avait maintenant près de cinq pieds de long :
— Je n’en beux blus !
Le crocodile attrape le nez de l’Enfant Éléphant
Cette partie est le dénouement et l’explication que le lecteur attend : comment le nez de l’Enfant Eléphant, « qui n’était pas plus gros qu’une botte », s’est allongé.
C’est le crocodile qui a voulu manger l’Enfant Éléphant et qui l’a attrapé par le nez et a tiré très fort dessus. Pour se défendre, l’Enfant Éléphant a tiré de son côté, très fort aussi, pour se libérer et ne pas être dévoré.
L’auteur emploie peu le pronom « il » pour parler des personnages.
On trouve en revanche à différents moments de l’histoire des substituts utilisés avec humour, pour parler du Crocodile :
- « ce vieil animal à larges bandes de cuir » : cela fait allusion à la peau du crocodile qui est utilisée en maroquinerie pour fabriquer des sacs ou des chaussures ;
- « ce vaisseau de guerre à propulsion là-bas avec un pont supérieur blindé » : le crocodile est comparé à un bateau de guerre, très puissant.
L’humour est souvent utilisé par l’auteur. Quand le crocodile veut prouver à l’Enfant Éléphant qu’il est bien LE Crocodile, il verse « des larmes de crocodile ». C’est une expression qui veut dire que l’on fait semblant de pleurer pour faire croire à une véritable émotion. L’auteur joue avec les mots.
Les paroles de l’Enfant Éléphant quand le Crocodile tire sur son nez sont drôles aussi car on imagine très bien quelqu’un qui parle avec le nez « pincé » :
« Laissez-boi bartir ! Vous be faites bal ! »
« Je n’en beux blus ! »
La situation finale
La situation finale
Dans la situation finale du conte étiologique, la particularité de l’animal a changé : l’animal est tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Dans le conte de « L’Enfant Éléphant » par exemple, à la fin de l’histoire, l’éléphant a une trompe.
« Alors l’Enfant Éléphant rentra chez lui à travers l’Afrique en frétillant de la trompe. Lorsqu’il voulait manger des fruits, il les cueillait directement sur l’arbre au lieu d’attendre qu’ils tombent comme auparavant. […]
Par un soir sombre il retrouva sa chère famille ; il enroula sa trompe et dit :
— Comment allez-vous ?
Ils étaient très heureux de le revoir et ils dirent aussitôt :
— Viens ici recevoir une fessée pour ton insatiable curiosité.
— Peuh ! dit l’Enfant Éléphant. Je crois que vous ne connaissez rien à la fessée ; moi par contre, je peux vous montrer. Sur ce, il déroula sa trompe et jeta deux de ses chers frères cul par-dessus tête.
[…] et depuis ce jour, ô ma Mieux-Aimée, tous les Éléphants que tu verras, et tous ceux que tu ne verras pas, ont des trompes exactement semblables à la trompe de l’insatiable Enfant Éléphant.
L’Enfant Éléphant comprend petit à petit les avantages d’avoir une trompe à la place d’un petit nez, pour se défendre contre les mouches, se nourrir ou se rafraîchir.
La fin du conte fait penser au conte traditionnel : le héros rentre chez lui après avoir surmonté des épreuves. Et sa famille est heureuse de le retrouver.
Mais l’Enfant d’Éléphant a changé et peut se venger de tous ceux qui lui ont donné la fessée juste à cause de sa curiosité. On retrouve l’humour de l’auteur : L’Enfant d’Éléphant découvre un nouvel un avantage de la trompe.
La dernière phrase est au présent, comme dans beaucoup de contes étiologiques, nous sommes revenus à la situation que nous connaissons de nos jours : les éléphants ont tous une trompe. Les choses imaginaires du début se transforment en un fait réel qui se produit encore aujourd’hui.
[…] et depuis ce jour, ô ma Mieux-Aimée, tous les Éléphants que tu verras, et tous ceux que tu ne verras pas, ont des trompes exactement semblables à la trompe de l’insatiable Enfant Éléphant.
- Le conte étiologique, aussi appelé conte des origines ou conte des pourquoi a une structure narrative et chronologique.
- Le titre est souvent une question.
- Les verbes sont à l’imparfait et au passé simple sauf la dernière phrase qui est le plus souvent au présent.
- On y trouve beaucoup de connecteurs de temps et des substituts mis à la place des noms des personnages.
- Les textes sont courts avec peu de personnages, peu de descriptions.
- Les personnages sont très souvent des animaux.
- Les dialogues sont simples.
- La formule du début est souvent : jadis, il y a très longtemps, autrefois…
- La formule de la fin est souvent : depuis ce jour, voilà pourquoi, c’est depuis ce temps là…
- Le conte étiologique est un conte explicatif, c’est ce qui le différencie du conte traditionnel.