Les conséquences des grandes découvertes
Introduction :
L’Amérique recèle de nombreuses ressources qui excitent les appétits des puissances européennes. L’Espagne devient au XVIe siècle la première puissance à rayonner en Europe, en s’appuyant essentiellement sur les richesses tirées de son empire américain. Très vite, d’autres pays vont se lancer dans la course aux empires : par ce biais, ils souhaitent endiguer l’enrichissement de l’Espagne et concurrencer son empire. L’intérêt que les Européens développent pour l’Amérique a des conséquences radicales sur les populations autochtones du continent. Les Amérindiens, décimés par les maladies, vont être soumis à la culture occidentale et intégrés à leurs économies par le métissage humain et culturel.
Nous étudierons d’abord la féroce concurrence que se livrent les puissances européennes pour le contrôle des colonies américaines entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Puis, dans un second temps, nous nous intéresserons au sort réservé aux Amérindiens dans les sociétés coloniales, entre domination et métissage.
Concurrence des grands empire coloniaux
Concurrence des grands empire coloniaux
Le siècle d’or espagnol
Le siècle d’or espagnol
L’économie est florissante, notamment grâce à la culture de la canne à sucre dont le précieux butin est acheminé vers l’Europe en bateau. Afin d’avoir la mainmise sur ce lucratif commerce, les différents empires coloniaux développent de véritables flottes de guerre pour attaquer ou protéger les convois qui reviennent d’Amérique chargés de denrées. Le contrôle de ces convois est en effet essentiel pour assurer à l’empire espagnol les richesses sur lesquelles il bâtit sa puissance au XVIe siècle. Le pays vit alors une vraie apogée, le siècle d’or espagnol, qui lui permet de rayonner partout dans le monde : on parle d’« empire sur lequel le soleil jamais ne se couche ».
Corsaires et piraterie
Corsaires et piraterie
Cependant, cette richesse excite les appétits de ses rivaux qui se livrent aux pillages par l’activité de course (pillage légal des navires de commerce ennemis). Pour ce faire, les corsaires disposent de l’autorisation officielle de leur pays pour se livrer au pillage. D’autres s’adonnent à des activités illégales comme la piraterie. La mer des Caraïbes devient d’ailleurs, au XVIIe siècle, un repère de pirates et certaines îles vivent de ce fait en marge de la société coloniale.
Corsaire :
Armateur, capitaine ou membre d’équipage d’un bateau autorisé au pillage légal par une lettre de marque.
Pirate :
Aventurier qui parcourt les mers pour piller les navires de commerce, en toute illégalité.
La frégate Sainte Geneviève, commandée par le corsaire français Édouard Bouvier, 1745. Gravure, Dieppe
En proie aux rivaux qui essaient de s’emparer de ses colonies et attaquent sans cesse ses convois en provenance d’Amérique, l’Espagne finit par confier aux Anglais la gestion de ses routes maritimes au XVIIe siècle.
Ce contrôle du commerce colonial espagnol donne aux Britanniques une vraie puissance maritime au XVIIIe siècle.
La guerre de Sept ans
La guerre de Sept ans
En concurrence en Amérique du Nord, l’Angleterre et la France s’affrontent pendant la Guerre de Sept ans entre 1756 et 1763. La victoire britannique permet au pays d’intégrer le Québec français à ses colonies. Cette guerre révèle l’importance de la question coloniale pour les puissances européennes : elles sont, en effet, prêtes à s’affronter pour le contrôle de ces territoires.
Mais, outre les luttes économiques qui agitent les différents empires, l’impact de la découverte des Amériques se fait plus poignant encore chez les populations autochtones qui vont payer cher le prix de cette découverte.
Acculturation et métissage
Acculturation et métissage
La question des Indiens
La question des Indiens
« Jamais l’ambition, jamais les inimitiés publiques, ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables. »
Montaigne, Essais (Des Coche III, CH. VI)
En effet, les premiers empires coloniaux se servent largement des Indiens comme main-d’œuvre, notamment pour l’exploitation des ressources agricoles ou minières américaines. Ils en font des esclaves ou les forcent au travail par la corvée (un service obligatoire à rendre). Ces conditions de travail dégradantes et très difficiles épuisent les populations, qui décroissent rapidement. À cela s’ajoute le choc microbien : les Européens ramènent avec eux des maladies qui leur sont inoffensives mais contre lesquelles les Amérindiens ne sont pas immunisés. La variole s’ajoute aux mauvais traitements et la population amérindienne s’effondre drastiquement en un siècle.
Variole :
Maladie infectieuse très contagieuse et épidémique ; de nos jours, elle a à peu près disparu.
Pour mieux contrôler les populations indigènes survivantes, les Espagnols les regroupent dans des encomiendas, des communautés d’esclaves à la disposition d’un maître espagnol. Ceci leur permet également de déraciner les Amérindiens et de les obliger à vivre en communauté sous leur surveillance.
Les populations indigènes sont violemment infectées par la variole, maladie que les conquistadors ont répandue à leur arrivée. Codex Florentin (1540-1585)
Le rôle de l’Église
Le rôle de l’Église
Dans ce contexte de colonisation, les religions des Amérindiens ne sont pas tolérées et ils sont contraints de se convertir au christianisme. Mus par la volonté d’ériger une « nouvelle Église » épargnée par les corruptions du Vieux-Continent, des religieux zélés baptisent des milliers d’Indiens. Cette évangélisation s’accompagne de destruction massive des idoles et objets culturels indiens, considérés comme démoniaques. Toutefois, ces bouleversements finissent par préoccuper l’Église qui se soucie du sort des populations indigènes après la conversion. Quelle doit être la place à accorder aux Indiens ? Comment réaliser une évangélisation humaine et efficace ?
Évangélisation :
Action de prêcher l’Évangile à des populations non-chrétiennes et de tenter de convertir au christianisme par ce biais.
En résulte la controverse de Valladolid. Il s’agit d’un débat qui a lieu entre 1550 et 1551 à Valladolid en Espagne et qui cherche notamment à déterminer si les Indiens ont une âme.
Bartolomé de las Casas, peinture du XVIe siècle
Bartolomé de las Casas, un moine qui a vécu au Mexique au contact des indigènes, défend les Indiens contre le mépris des autorités espagnoles : il s’oppose en cela à Juan Sepúlveda qui se fait l’avocat des conquistadors. Pour ce dernier, les Indiens sont une population inférieure aux Espagnols : il incarne en cela une idéologie conservatrice, largement partagée par ses contemporains. Pourtant, l’Église tranche finalement en faveur des indigènes et donc de Bartolomé de las Casas, permettant par la suite de limiter et règlementer les abus dont sont victimes les Indiens.
Même si, lors de ce procès, le statut des Indiens est officiellement reconnu comme égal à celui des Blancs, cette décision ne s’applique pas aux Noirs d’Afrique. L’esclavage de ceux-ci reste incontesté et sera même encouragé davantage pour alimenter le Nouveau-Monde en esclaves.
Le métissage culturel
Le métissage culturel
Métissage culturel :
Influence mutuelle de cultures différentes en contact les unes avec les autres.
Si dans un premier temps les conquistadors nouent des relations étroites avec les populations locales, donnant lieu à un métissage avec les indigènes, la société coloniale devient vite très hiérarchisée selon une vision raciale de la société : les Blancs européens dominent la société tandis que les métis occupent des rôles subsidiaires, et que les indigènes sont au ban de la société coloniale, au même titre que les esclaves africains. Toutefois, les sociétés se mélangent et donnent naissance à des cultures tout à fait nouvelles : les populations dominantes adoptent les plats indigènes et enrichissent leurs vocabulaires de mots provenant des langues amérindiennes.
Les indigènes adoptent les langues des européens et leurs modes vestimentaires, tout en les transformant et les adaptant à leurs coutumes.
Conclusion :
L’Amérique devient entre le XVIe et le XVIIIe siècle au cœur des convoitises des puissances européennes. Si elle fait d’abord la fortune de l’Espagne, d’autres puissances vont s’implanter pour se créer des empires coloniaux, comme les Britanniques et les Français. Les Amérindiens sont réduits en esclavages et reçoivent peu de considération. Soumis à la culture européenne, ils sont forcés de se convertir et finissent par se mélanger avec les colons au sein d’une société coloniale racialisée.