Le choix énergétique : une décision stratégique à fort impact sur les sociétés

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L’avenir sera chaud !

  • En 1988 est créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : son but est d’évaluer, en toute objectivité, les conséquences possibles des changements climatiques d’origine anthropique.
  • Les travaux du GIEC sont répartis en trois domaines :
  • le fonctionnement physico-chimique du climat et de ses variations (passées et à venir) ;
  • l’élaboration de scénarios sur les émissions de GES ;
  • les risques des changements climatiques sur notre système socio-économique.
  • Une fois le travail de synthèse effectué et validé, le GIEC rédige un rapport qui jusqu’à aujourd’hui a toujours été validé à l’unanimité par ses membres.
  • Le dernier rapport de synthèse date de 2014 et le suivant est prévu pour 2022.
  • Pour pouvoir prendre en compte les travaux du GIEC et lutter contre le réchauffement climatique, l’ONU a créé une convention appelée COP (Convention Of Parties).
  • La première COP a eu lieu en 1995 à Berlin et c’est lors de la troisième COP, en 1997, que fût élaboré le fameux protocole de Kyoto, premier accord mondial contraignant (184 pays signataires) visant à la réduction globale des GES.
  • Depuis le début du XXIe siècle, le GIEC propose des scénarios pour appréhender le climat du futur, notamment en fonction de l’évolution des émissions de gaz à effets de serre d’origine humaine.
  • Entre GIEC et COP, tout est créé pour réduire les problèmes environnementaux, malheureusement, des considérations économiques, des rivalités politiques ou régionales prennent souvent le pas sur les considérations environnementales.

Des choix cornéliens ?

  • Les critères géopolitiques
  • Pour faire des choix sur son futur énergétique, une société doit inévitablement prendre en compte plusieurs critères géopolitiques de natures différentes :
  • la disponibilité des ressources est un critère important, cela concerne surtout les ressources « non renouvelables » (en quantité limitée sur Terre, qu’il faut protéger et mieux répartir à l’échelle planétaire) ;
  • l’indépendance vis-à-vis d’autres pays qui est un critère plus politique et économique, il existe de nombreux accords entre pays pour que les relations soient relativement pacifiques. Toutefois, pour éviter les pressions politiques ou pâtir de tensions entre certains États, il est important de dépendre le moins possible des autres pays ;
  • le respect des accords internationaux sur l’environnement (cf. protocole de Kyoto) est un critère juridique qui doit être pris en compte par les pays signataires ;
  • le critère politique est un critère dual. Certains dirigeants, en vue d’une réélection, vont vouloir satisfaire leur électorat et parler de réalité du quotidien plutôt que d’écologie. D’autres, voyant l’émergence d’une conscience environnementale citoyenne, seront poussés à teinter leurs discours et leurs choix de « vert ».
  • Les critères socio-économiques
  • Les critères socio-économiques jouent aussi beaucoup pour les choix des différents pays :
  • l’aspect économique est pris en compte par les pays pour effectuer leurs choix énergétiques (cf. les lobbies faisant pression sur des dirigeants pour orienter leurs décisions, l’investissement pour des économies de consommation d’énergie difficile pour ceux voulant des rendements immédiats et la raréfaction à venir des réserves) ;
  • l’aspect social/éthique implique notamment les questions relatives à l’emploi ou aux déplacements de populations (par exemple certains pays ont recours au travail des enfants pour exploiter les ressources minières) ;
  • la question de l’adéquation aux besoins immédiats est essentielle du fait que l’énergie ne se stocke pas. Des recherches et des progrès sont en cours mais en attendant il faut tenir compte de cet inconvénient.
  • Les critères environnementaux et sanitaires
  • Ces critères sont des points cruciaux qui doivent absolument être pris en compte :
  • les critères environnementaux étaient souvent ignorés ou minimisés au profit d’autres critères mais ces derniers ont heureusement été remplacés au centre du prisme décisionnel ;
  • les critères sanitaires permettent d’appréhender les impacts sur les populations concernées en matière de santé (par exemple, avec le développement des mégapoles, la Chine ou l’Inde se trouvent confrontées à de graves problèmes sanitaires liés à la pollution) ;
  • l’évaluation et l’acceptation des risques doivent être appréhendées et remis en question en fonction de chaque choix énergétique qui s’offre à une société (par exemple, la filière du nucléaire civil émaillée de plusieurs accidents continue pourtant de se développer car elle a de nombreux avantages comme la diminution de GES).
  • La liste des critères n’est pas exhaustive, car de nouveaux critères peuvent apparaître en fonction de circonstances particulières, mais le plus souvent les choix faits conduisent à une diversification des sources d’énergie et à un mix énergétique.

Face à l’urgence de la situation, hâtons-nous lentement !

  • Depuis le premier rapport du GIEC en 1990, de nombreux pays ont pris conscience de l’urgence d’agir, les choses ne bougent pourtant pas plus vite. Comment expliquer cette inertie ?
  • L’inertie du système est liée à trois critères : le progrès technique à inventer, la logique économique à modifier et des habitudes à changer.
  • Le progrès technique ne se décide pas !
    D’abord, il faut qu'il y ait une prise de conscience, puis des décisions concrètes doivent être prises, celles-ci doivent faire l’objet d’un réel soutien politique (pour que les effets soient plus importants). Ensuite, les chercheurs doivent inventer de nouvelles technologies… et cela prend du temps.
  • Le système économique constitue un frein au changement.
    La logique de rentabilité ralentit le changement : pourquoi modifier une équipe qui gagne et qui réalise d’importants profits – et ce même si leur production n’est pas écologique ?
  • Une société à repenser.
    La volonté d’une transition énergétique – en adéquation avec l’urgence environnementale – doit induire d’importants changements dans nos comportements individuels et collectifs. Il faudra changer nos moyens de transport, nos manières de produire et de consommer (favorisant l’économie circulaire), notre rapport à l’énergie doit être repensé mais il faut aussi aller vers plus de cohérence et d’égalité à l’échelle mondiale.
  • Les « freins à l’immobilisme » (expression de Raymond Barre) sont donc nombreux et l’un des challenges de la transition énergétique est de faire en sorte de pouvoir les supprimer.