L'Europe de la révolution industrielle
Introduction :
En Europe, le XIXe siècle rime invariablement avec la notion de « révolution industrielle », ou encore avec celle « d’industrialisation ». Ces notions se réfèrent à un même phénomène amorcé au siècle précédent avec l’invention de la machine à vapeur. Suite à cette invention, l’Europe se modernise. Entre les débuts d’une urbanisation massive, le développement impressionnant des infrastructures et la naissance de nouvelles classes sociales, la révolution industrielle a résolument changé la face de notre continent. Afin de présenter ces transformations, le processus d’industrialisation de l’Europe sera étudié dans une première partie. Dans une seconde partie, les transformations sociales engendrées par la révolution seront présentées, et ce cours se terminera par une étude des nouvelles idées qui accompagnent cette période.
Le processus d’industrialisation en Europe
Le processus d’industrialisation en Europe
Définition précise
Définition précise
La révolution industrielle est le passage d’une société agricole à une société mécanisée.
Son avènement est la conséquence d’une série d’inventions et d’innovations, dont la première est la plus déterminante. À la fin du XVIIIe siècle, des ingénieurs anglais et écossais inventent la machine à vapeur. Cette machine est aussi appelée la machine de Watt, du nom de James Watt, qui lui a apporté ses dernières améliorations. Alimenté par le charbon, le moteur à vapeur contribue à la multiplication des machines et à l’essor des industries.
- C’est le début du machinisme.
Machinisme :
Ce terme désigne l’utilisation des machines qui révolutionnent les modes de production et bouleversent le travail agricole et ouvrier.
Schéma de la machine à vapeur ©UsrPanther
La machine à vapeur trouve aussi une application concrète avec la création de la première locomotive à vapeur en 1804.
Les historiens préfèrent parler d’industrialisation plutôt que de révolution industrielle. Car le terme de « révolution » implique un changement très rapide dans le temps. Or, il est vrai que les transformations dues à l’industrialisation se sont étalées sur près d’un siècle.
L’industrialisation
L’industrialisation
L’industrialisation implique donc une accélération des activités industrielles et une évolution des modes de production. Avec elle naissent les grandes entreprises moteurs de la croissance. C’est le temps des usines, dans lesquelles les ouvriers travaillent sur des machines qui fonctionnent d’abord à la vapeur, puis, à partir des années 1880, à l’électricité.
La révolution industrielle transforme le territoire. Dans les villes, les usines se concentrent dans des zones appelées quartiers industriels. Les campagnes, quant à elles, sont modernisées et mécanisées.
De plus, le développement du chemin de fer, que l’on peut voir sur la carte ci-dessous, participe au décloisonnement des campagnes.
Développement du réseau ferré en France au XIXe siècle
C’est aussi l’avènement d’un nouveau type de villes, qu’on appellera les villes minières. Elles apparaissent autour des mines de charbon. Car il faut le rappeler, sans ce carburant, ni les machines ni les trains ne pourraient fonctionner.
La révolution industrielle en Europe
- On dit d’ailleurs du XIXe siècle qu’il est le siècle du charbon.
L’évolution des transports, l’augmentation de la production mais aussi des échanges donnent naissance à une première « mondialisation ».
Dans ce contexte, les ports de l’Atlantique jouent un rôle primordial. Il faut se rappeler que les villes portuaires comme Nantes ou Bordeaux s’étaient enrichies grâce au commerce triangulaire du siècle passé. Désormais, leur développement s’accélère.
Les transformations sociales
Les transformations sociales
Ces transformations industrielles entraînent des conséquences sociales inédites. La première est l’apparition de nouvelles classes sociales.
De nouvelles classes sociales : les prolétaires
De nouvelles classes sociales : les prolétaires
Les ouvriers qui travaillent dans les usines sont souvent d’anciens travailleurs du monde agricole qui sont venus tenter leur chance en ville. Puisque l’industrialisation entraine une mécanisation des techniques agricoles, les travaux des champs nécessitent moins de paysans.
L’exode rural est l’une des principales conséquences de l’industrialisation du XIXe siècle.
L’exode rural est massif : les anciens paysans s’entassent dans des logements misérables à proximité des usines. Décrite notamment par Zola dans Germinal, cette époque, source de nombreux progrès, engendrait également beaucoup de misère. Désormais, les nombreux ouvriers qui se concentrent dans les villes constituent la masse des prolétaires.
Prolétaire :
Ce terme désigne toute personne dont les revenus ne proviennent que du travail manuel.
Ils s’opposent alors aux propriétaires.
De nouvelles classes sociales : les bourgeois
De nouvelles classes sociales : les bourgeois
Ces propriétaires, justement, constituent la bourgeoisie.
Bourgeois :
Personnes qui s’enrichissent essentiellement du commerce et de l’industrie.
Ce sont eux qui, en France, avaient renversés la société d’ordre en soutenant la Révolution. Au cours du XIXe siècle, ces bourgeois vont peu à peu dominer les sociétés européennes. Ils concentrent richesse, influence et prestige.
Les idées nouvelles et leur expression sociale
Les idées nouvelles et leur expression sociale
Avec l’industrialisation, la société reste donc très inégalitaire avec d’un côté la misère des ouvriers, et de l’autre l’opulence des bourgeois. Dans ce contexte, le XIXe siècle voit la naissance et la diffusion de nouvelles idées politiques et économiques. Deux d’entre elles s’opposent radicalement. Il s’agit d’un côté du libéralisme et de l’autre le socialisme.
Le libéralisme
Le libéralisme
Le libéralisme est l’idéologie dominante du XIXe siècle.
C’est en partie sur ses principes que s’organisent la production et les échanges au cours de la révolution industrielle. Le libéralisme repose sur les théories d'Adam Smith.
Portrait d’Adam Smith, James Tassie, 1854
- Ce dernier défend l’idée que chaque entrepreneur doit pouvoir être libre d’agir comme il l’entend et doit pouvoir déterminer lui-même les conditions de travail de ses ouvriers.
Ainsi, l’État doit intervenir le moins possible dans la vie économique.
- De manière générale, on peut avancer que les bourgeois de l’époque sont favorables au libéralisme.
D’abord parce que ce système leur permettrait de réaliser le plus de profit possible mais aussi parce que, selon eux, l’enrichissement de l’entrepreneur permet l’enrichissement de la société.
Le socialisme
Le socialisme
Mais au libéralisme répond le socialisme.
Socialisme :
Défendu majoritairement par les classes populaires, le socialisme définit l’ensemble des courants politiques visant à établir une société moins injuste et plus égalitaire.
- Les socialistes contestent le système libéral qu’ils nomment aussi le capitalisme.
L’un des courants le plus radical du socialisme est le communisme. Karl Marx en est le principal penseur.
Portrait de Karl Marx, 1875
Il est l’auteur du Manifeste du Parti communiste. Dans ce livre, il dénonce les inégalités et la difficile condition ouvrière. Pour lui, la bourgeoisie exploite la classe ouvrière et ce système doit être renversé. Ce combat pour l’égalité, les communistes l’appellent la lutte des classes. Elle doit mener à la dictature du prolétariat.
Dictature du prolétariat :
Selon Karl Marx, il s’agirait d’une phase révolutionnaire de transition vers une société sans injustice sociale, une société communiste.
Révoltes et revendications ouvrières
Révoltes et revendications ouvrières
En France, la révolution du prolétariat n’aura pas lieu. Cependant les ouvriers se politisent et entendent bien défendre leurs droits. Le XIXe siècle est traversé par de nombreuses révoltes et insurrections sociales, souvent réprimées dans la violence. L’une des plus connues, mais aussi une des plus violentes, est la révolte des canuts. Les canuts sont ces ouvriers du textile lyonnais qui, en 1831 puis en 1834, réclament des salaires fixes. Comme le montre cette gravure de l’époque, les rues de Lyon sont le théâtre de violents affrontements entre les ouvriers et l’armée.
Bataille dans les rues de Lyon devant l'église de Saint-Nizier - Révolte des Canuts en octobre 1831, XIXe siècle
Comme la révolte des canuts, beaucoup d’insurrections finissent dans le sang. Malgré tout, l’État entend les revendications ouvrières et le droit social progresse.
En 1841, le travail des enfants de moins de huit ans est interdit.
En 1864, les travailleurs obtiennent le droit de grève, ce qui signifie que se mettre en grève n’est plus illégal. En 1884, les syndicats sont reconnus.
Syndicats :
Les syndicats sont des associations qui luttent auprès des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions.
- Ils offrent aux ouvriers un cadre légal pour leurs futurs combats.
Conclusion :
Au XIXe siècle, l’Europe entrait dans une période d’industrialisation. Certains parlent de révolution industrielle tant ce phénomène bouleverse le continent européen.
Beaucoup d’inventions et d’innovations ont rendu possible l’industrialisation, la plus fameuse étant la machine à vapeur. Cette révolution a eu des conséquences : paysages transformés avec l’urbanisation et le développement des chemins de fer, mais aussi société bouleversée avec l’exode rural, l’essor du prolétariat et l’enrichissement de la bourgeoisie.
Le XIXe siècle a aussi vu l’éclosion de nouvelles idées politiques et économiques. Le libéralisme et le socialisme sont des notions clés pour comprendre les luttes sociales qui traverseront tout le XIXe siècle.